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Un livre de Camille Royer

Camille a 8 ans. Son papa est français, sa maman japonaise. Camille est drôle et audacieuse en journée mais, la nuit venue, rien ne va plus. Après le massage de papa et les contes nippons de maman, les rêves de la petite prennent toute la place – et font parfois très peur. Mon premier rêve en japonais, œuvre première de Camille Royer, est un roman graphique juste et poétique sur l’enfance et sur ce que l’enfance comprend de ce qu’elle ne comprend pas.

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Camille, la nuit

Camille saute, grimpe, court. Elle se chamaille avec son grand frère. Elle a des copines qui viennent dormir à la maison et une prof de japonais, la langue de sa mère. Tous les soirs, c’est le même rituel : papa masse le dos Camille, puis maman se glisse sous la couette avec elle et lui raconte une histoire venue de son pays natal.

Les histoires de la maman de Camille ressemblent à son passé. Elles viennent de loin, elles sont brumeuses et fuyantes, elles se soldent rarement par un « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ». Alors, quand les histoires se terminent et que le sommeil gagne la petite Camille, ses rêves se remplissent de visions vertigineuses. Yokai, démons hirsutes, animaux parlants.

Ces créatures viennent de ce pays lointain qui est aussi un peu le sien, bien qu’elle ne sache pas vraiment comment. Un pays qui n’est pas imaginaire mais qui a besoin d’être imaginé. Mais, en bons protagonistes des rêves, ces présences font écho à ce qui se passe le jour.

Camille, le jour

Les parents de Camille : s’aiment-ils ? S’aiment-ils toujours ? Se sont-ils jamais aimés ? La maman de Camille : pourquoi ce voile dans le regard ? Que s’est-il passé, dans cet autre pays – le Japon – dans cet autre temps – le passé ? Et si la maman de Camille est déracinée, où peuvent se planter les racines doubles (ou divisées) de Camille ?

C’est avec énormément de grâce que Camille Royer, née à Paris en 1997 et diplômée de l’École Estienne, nous livre ce journal onirique de son enfance. Cette phase de la vie qui peut être à la fois heureuse et monstrueuse. Cette phase qui ressemble au japonais : une langue à la fois inconnue et familière, partiellement indéchiffrable mais dans laquelle l’enfant trouve toujours une brèche.

Mon premier rêve en japonais juxtapose avec malice les coups de crayons spontanés et un format proche de la BD pour le jour et de grandes illustrations oniriques et colorées pour la nuit. La gomme brouille les limites entre l’un et l’autre. Voici un roman graphique qui a le don de nous faire revivre une enfance que l’on a pas vécu. Le japonais a beau être une langue étrangère, quand il déboule dans le rêve de Camille, c’est à nous qu’il offre des racines.

EDG.

Parution : août 2019 / 160 pages / Futuropolis