Un film de Kôji Fukada
Drame | Japon | 2h20 | 2008 | Prochainement
Avec Kentaro Abe, Makoto Adachi, Kenichi Akiyama…
Une rencontre fortuite née d’une déception, un vernissage où personne ne vient et un nouveau membre dans la famille : trois histoires s’entrecroisent et révèlent des vérités jusque-là bien enfouies.

Chat blanc
Le triptyque s’ouvre par Chat blanc. Deux femmes se rencontrent à l’entrée d’un spectacle de butō de Toru Iwashita. La première attend vainement son copain ; la deuxième cherche vainement son ticket. Ce qui devait être une soirée bâclée se prolonge : le spectacle, puis un dîner, une longue conversation sur l’amour et les relations. Après tout, on a toujours besoin d’un(e) inconnu(e) à qui tout raconter. Comme le disait Frank Sinatra : « Strangers in the night / Two lonely people / We were strangers in the night / Up to the moment / When we said our first hello »…
Photographie
Dans Photographie, nous sommes dans une galerie d’art. Haruna y prépare le vernissage de son exposition. Une fois terminé, elle pourra rejoindre un couple d’amis fraîchement mariés. Tout est presque prêt : les images, la nourriture. Il ne manque plus que le public. Où est-il passé ? Haruna attend, devant ses propres œuvres…

Bras droit
Le couple marié, nous le retrouvons dans Bras droit. Ils sont heureux, ils ont un bébé en route. Un jour, le mari est victime d’un accident. Il perd un bras mais, malgré tout, ce bras droit se rappelle incessamment à sa mémoire par le biais de douleurs lancinantes. « Syndrome du membre fantôme », disent les médecins. Et s’il y avait autre chose ?
Une ronde à Tokyo
Prenez La Ronde d’Arthur Schnitzler. Remplacez la Vienne de 1903 par le Tokyo de 2008. Mais la cadence reste la même : trois volets imbriqués les uns dans les autres par le biais des personnages. Voici La Comédie humaine. Comme pour La Ronde du dramaturge viennois qui tâcha de scandale ce début de siècle, il n’est pas question ici uniquement de stratagème narratif avec des personnages qui se superposent. Il y a le regard de Kôji Fukada comme un périscope sur la société japonaise. Ses manques, ses besoins, ses blocages, ses élans. Parce qu’après tout, ce n’est que cela, la société : l’endroit où se mêlent les mœurs et l’existence.

La Comédie humaine : une affaire de famille (ou presque !)
Pour ce deuxième long-métrage, c’est une sensation de retrouvailles qui se dégage. Nous retrouvons ici la « faune chérie » qui va peupler tous les films de Kôji Fukada qui vont suivre : Au revoir l’été, Harmonium, Hospitalité… Une équipe qui gagne ne se remplace pas.
Ce triptyque, déjà si chargé d’un regard que le public international a appris à (re)connaître au fil du temps, débarque enfin dans les salles françaises grâce à une véritable aventure de sauvetage. En effet, la seule copie encore existante du film a dû faire un improbable voyage postal du Japon jusqu’en France pour se refaire une nouvelle vie. Cela pourrait paraître le début d’un film de Kôji Fukada, si ce n’était pas la vraie vie de Kôji Fukada…
EDG