JARDINS SECRETS DU JAPON
Francis Peeters, Jardins secrets du Japon, Éditions Ulmer
Photographies de Guy Vandersande
224 pages
19 x 25 cm
La découverte d’un pays est une aventure vertigineuse. Choisir son itinéraire, une boussole. Que faire, que voir quand on a face à soi un archipel comptant 14.125 îles alliant paysages polaires et plages tropicales ? Une piste : choisir les jardins. Dans Jardins secrets du Japon (Éditions Ulmer), Francis Peeters et Guy Vandersande nous guident à travers 40 jardins extraordinaires. Grandioses ou discrets, iconiques ou méconnus, anciens ou modernes, tous témoignent de la culture qui les a façonnés, sa philosophie, sa spiritualité. Son passé et son avenir.
Le jardin, nature intime
Le jardin est à la nature ce que la maison est à la caverne. Ils sont le fruit de la main, la tentative humaine d’inventer ce qui n’existait pas : l’intimité. Les dictons le savent bien : « Faire d’une chose comme des choux de son jardin. » Soit, en disposer comme si c’était à soi. Ou encore : « Jeter une pierre dans le jardin de quelqu’un ». Attaquer verbalement quelqu’un d’une façon allusive. Le jardin, comme la maison, est un enclos et une métaphore. Le jardin à la française, à l’italienne, à l’anglaise ou à la japonaise disent plus de leur culture d’origine que la façon qu’ils ont d’organiser leurs plantes.
Vu d’ici, avec le regard objectivant de l’Occident, le jardin japonais est un style, pire, une « tendance » où s’entremêlent (et se brouillent) des éléments disparates privés de leurs racines et de leurs raisons. Le zen se mêle au thé qui se mêle aux bonsaïs qui se mêlent aux étangs qui se mêlent aux ponts rouges et aux bambouseraies.
J comme Jardin Japonais
Jardins secrets du Japon n’est pas simplement un guide traçant un parcours à travers les jardins notables de l’archipel. Les quarante étapes de son beau livre, co-signé avec Guy Vandersande en charge des 200 photos qui le subliment, sont des jalons à la fois géographiques, historiques, philosophiques et spirituels. De la préhistoire, en passant par l’époque Jomôn, le Moyen-Âge et l’époque Meiji jusqu’à nos jours, le(s) jardin(s) japonais déclinent, chacun à leur façon, l’histoire culturelle du pays.
Il y a tout d’abord les jardins monastiques, comme celui qui borde le sanctuaire d’Ise, phare parmi les temples shintô. L’abstraction des jardins zen et l’ouverture sur l’extérieur des shakkei, des « paysages empruntés ». Il y a les règles des pavillons de thé anciens et leurs refontes contemporaines, comme le pavillon perché de Tetsu ou celui de Kou-an, entièrement transparent. La balade se termine avec les jardins contemporains, souvent liés à des musées d’art (mais pas toujours : allez jeter un œil aux jardins magnifiques du crématorium Yûykyû-en !). Dernière étape, géographique cette fois-ci et non chronologique : l’île d’Hokkaidô. Malgré ses températures polaires, l’île la plus septentrionale de l’archipel regorge de champs et jardins mémorables.
Jardins secrets du Japon : double passion
Dans Jardins secrets du Japon, Francis Peeters a réuni deux amours majeurs : l’Asie et le jardin. Auteur, journaliste et conférencier autour de l’art japonais, il anime également l’émission Jardins et Loisirs sur la chaîne de télévision belge RTBF. Toujours en Belgique, il crée un jardin de plus de 1500 cultivars. De son côté, Guy Vandersande a, lui aussi, « deux amours » (les mêmes, heureusement !). Architecte paysagiste, il a conçu les jardins du parc Pairi Daiza. En 2024, sa dernière création était entièrement consacrée au Japon.
Le Japon étant le pays aux « 72 micro-saisons », rien de plus pertinent que d’arpenter ses jardins pour en découvrir les nuances et les évolutions. Après tout, le jardin est une métonymie : c’est la part qui dit le tout, la part qui dit tout.
EDG
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