VIDÉO-CLUB Archives - Hanabi https://www.hanabi.community/category/culture-hanabi/video-club/ Le Japon nous fait du bien Thu, 24 Mar 2022 17:38:16 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.4.4 https://www.hanabi.community/wp-content/uploads/2020/11/logo-2-100x100.png VIDÉO-CLUB Archives - Hanabi https://www.hanabi.community/category/culture-hanabi/video-club/ 32 32 HOSPITALITÉ | CRITIQUE https://www.hanabi.community/hospitalite/ Thu, 29 Apr 2021 07:31:46 +0000 http://www.hanabi.community/?p=9667 Au cœur de Tokyo, la famille Kobayashi vit paisiblement de l’imprimerie. Quand un vieil ami de la famille réapparaît, aucun ne réalise à quel point il est en train de s’immiscer progressivement dans leur vie... jusqu’à prendre leur place. "Hospitalité" sort dans les salles le 26 mai, à la réouverture des cinémas... et il ne faudra pas le manquer !

The post HOSPITALITÉ | CRITIQUE appeared first on Hanabi.

]]>
Hospitalite-koji-fukada

Un film de Kôji Fukada

Avec Kenji Yamauchi, Kiki Sugino, etc.

Sortie le 26 mai – 1h36 – Japon

ACHETER LE FILMACHETER LE COFFRET COLLECTOR

Au cœur de Tokyo, la famille Kobayashi vit paisiblement de l’imprimerie. Quand un vieil ami de la famille réapparaît, aucun ne réalise à quel point il est en train de s’immiscer progressivement dans leur vie… Jusqu’à prendre leur place. 

Bienvenue chez les Kobayashi

Il y a des moments où l’on ferait mieux de ne pas ouvrir la porte quand on y toque, direz-vous ! A fortiori de nos jours : en plus des énergumènes habituels, il faut désormais éviter les réfractaires aux gestes barrières… Mais la famille Kobayashi est à des années-lumière de cela. Son quotidien semble pris dans les rouages de l’imprimerie qu’elle gère avec prospérité. C’est ainsi que les journées se succèdent comme autant de pages que l’on tourne, imprimées à l’identique, sans bavure… Tout au plus, on évoque la réalité de ces étrangers qui rodent à Tokyo. Mais même celui où vivent les Kobayashi ressemble à une authentique bourgade japonaise, où le temps semble s’être arrêté…

En bonne Madame Bovary qui s’ignore, la jeune épouse Kobayashi est fière de sa maîtrise de l’anglais, qui promet de pimenter demain son quotidien avec un peu d’exotisme, tandis que sa belle-sœur fraîchement divorcée rêve de vivre à l’étranger pour repartir d’un bon pied. Il leur faudra attendre de rencontrer un étranger en chair et en os pour aller au-delà des fantasmes…

Une perruche, un fainéant et une brésilienne

Tout commence quand la perruche de la famille Kobayashi disparaît de sa cage. Pour faire plaisir à la gamine, on placarde des avis de recherche dans la rue tout en sachant que les miracles n’existent pas, et que les oiseaux volent très haut. L’histoire de la perruche devrait s’arrêter là. Sauf qu’un certain Kagawa, fils d’un financier ayant autrefois aidé l’entreprise de feu père Kobayashi, tombe sur l’annonce et se présente… S’il n’a pas d’information particulière sur ladite perruche, il fait vite figure de drôle d’oiseau ! Lui qui se qualifie par fantaisie de « fainéant » ne tarde pas à s’emparer du poste du seul employé de l’imprimerie n’étant pas de la famille.

Invoquant des prétextes dont il est difficile de démêler le vrai du faux, il emménage dans la foulée chez les Kobayashi avec sa femme Annabelle, prof de salsa et brésilienne, qui danse aussi bien qu’elle parle portugais. Vous imaginez… On les croit pétris de bonnes intentions quand le coup d’après, ils remuent le nid de frelons dans la maison ! Les secrets que les membres de la famille Kobayashi prenaient soin de cacher n’auront qu’à bien se tenir… Face à l’impuissante banalité de leur quotidien bourgeois, la rencontre d’une altérité va autant faire office de délivrance que de cauchemar, au gré d’aventures extraconjugales, de chantage rocambolesque et d’invités… qui n’étaient pas invités.

Hospitalité : comédie déjantée ou thriller paranoïaque ?

Hospitalité : comédie déjantée ou thriller paranoïaque ? That is the question ! Jusqu’au bout, Koji Fukada laisse planer le doute avec brio dans cette œuvre plus complexe qu’elle n’y paraît, par la subtilité et l’étrangeté qu’il insuffle. Moralité :  quand on parle de deux choses en disant qu’elles n’ont rien à voir, il y a de fortes chances pour qu’elles aient tout à voir, au contraire ! Et de finir par festoyer ensemble. Alors quelle posture sera la meilleure ? Celle de l’hostilité ou de l’hospitalité ? O. J.

The post HOSPITALITÉ | CRITIQUE appeared first on Hanabi.

]]>
DANS UN JARDIN QU’ON DIRAIT ÉTERNEL https://www.hanabi.community/dans-un-jardin-quon-dirait-eternel/ Mon, 14 Dec 2020 12:38:30 +0000 https://www.hanabi.community/?p=6334 Dans une maison traditionnelle à Yokohama, Noriko et sa cousine Michiko s’initient à la cérémonie du thé. D’abord concentrée sur sa carrière dans l’édition, Noriko se laisse finalement séduire par les gestes ancestraux de Madame Takeda, son exigeante professeure. Au fil du temps, elle découvre la saveur de l’instant présent, prend conscience du rythme des saisons et change peu à peu son regard sur l’existence. Michiko, elle, décide de suivre un tout autre chemin. Profondément juste et authentique, le film japonais immanquable en 2020.

The post DANS UN JARDIN QU’ON DIRAIT ÉTERNEL appeared first on Hanabi.

]]>

Dans un jardin qu’on dirait éternel, de Tatsushi Omori
avec Kiki Kirin, Haru Kuroki, Mikako Tabe
En salles le 26 Août – Japon – 102 minutes

VOIR LE FILMACHETER LE FILM

Dans une maison traditionnelle à Yokohama, Noriko et sa cousine Michiko s’initient à la cérémonie du thé. D’abord concentrée sur sa carrière dans l’édition, Noriko se laisse finalement séduire par les gestes ancestraux de Madame Takeda, son exigeante professeure. Au fil du temps, elle découvre la saveur de l’instant présent, prend conscience du rythme des saisons et change peu à peu son regard sur l’existence. Michiko, elle, décide de suivre un tout autre chemin. Profondément juste et authentique, le film japonais immanquable en 2020.

Madame Takeda est de celles qui ré-enchante le monde et sait écouter aussi bien les murmures du thé qui frémit que ceux du cœur des hommes. Tandis que le retour des beaux jours portent les habitants sur les plages de Yokohama ou dans les bars karaoké, elle fait le choix de la constance – « chaque journée est une belle journée », alors pourquoi chercher à combler l’existence par une frénésie trop humaine ? Son enseignement de l’art du thé lui a déjà beaucoup dit des soifs intérieures et de la manière de s’emplir, sans débordements, de cette matière chaude et savoureuse qu’on nomme aussi la vie. Et quel enseignement ! Captivant et hypnotique, il gorge d’importance tout ce qui pourrait ne pas en avoir. Ou en avoir trop, au point que l’analyse peut parfois prendre le dessus sur le lâcher-prise. La fluidité des gestes de Madame Takeda, du pliage d’une simple serviette à la finesse de ses pâtisseries, n’a ainsi pas d’équivalent. Sans parler de la fascination qu’exerce forcément la découverte d’un rituel riche et passionnant, dont la vieille dame fait don avec sagesse.
La cérémonie du thé n’est qu’un prétexte ou presque, lorsque le film rejoint la quête de la jeune Noriko pour chercher à comprendre le sens profond de sa vie. Sa cousine Michiko, elle, préfère foncer dans l’existence sans prendre le temps du recul. Elle rêve de voyages, d’amour, d’une famille à fonder, elle est le Japon d’aujourd’hui… Noriko admire cette insolence téméraire que sa timidité naturelle l’empêche d’appliquer. Sans idée du futur, elle se rend chaque samedi chez Madame Takeda pour apprendre le temps qui passe. Les saisons. S’inscrivant dans une tradition toute japonaise, elle apprivoise peu à peu le sentiment d’éternité, où le respect de soi et des autres communient. 24 ans plus tard, à l’heure du bilan, sa cousine Michiko, par son désir de modernité, n’a-t-elle pas reproduit un schéma autrement plus ancestral ? Noriko, elle, s’est vue capable de faire les mêmes choses, chaque année, de la même manière, petit à petit détachée du quotidien. Est-ce maintenant que tout commence ?
Plus qu’un récit initiatique de transmission entre générations, ce film apprend à mettre des suppléments d’âme dans nos actes, pour atteindre à une plus grande liberté. Sa force est de rester aussi humble que l’enseignement de Madame Takeda. Les mouvements de la caméra, aériens, rejoignent ceux de la vieille dame dans une osmose douce et sensible. Au beau milieu de ce jardin, hors du temps, l’image de Kirin Kiki, aux yeux rieurs, semble immuable. Dans un jardin qu’on dirait éternel l’honore une dernière fois autant qu’il sublime nos petites existences. Il ne tient donc qu’à nous d’infuser le monde, d’y déployer nos saveurs. Et de déguster cette tasse de thé, revigorante ! O. J.

The post DANS UN JARDIN QU’ON DIRAIT ÉTERNEL appeared first on Hanabi.

]]>
L’INFIRMIÈRE https://www.hanabi.community/linfirmiere/ Mon, 14 Dec 2020 12:36:46 +0000 https://www.hanabi.community/?p=6332 Ichiko est infirmière à domicile. Elle travaille au sein d’une famille qui la considère depuis toujours comme un membre à part entière. Mais lorsque la cadette de la famille disparaît, Ichiko se trouve suspectée de complicité d’enlèvement. En retraçant la chaîne des événements, un trouble grandit : est-elle coupable ? Qui est-elle vraiment ? Un thriller psychologique machiavélique et stupéfiant.

The post L’INFIRMIÈRE appeared first on Hanabi.

]]>

Un film de Kôji Fukada

avec Mariko Tsutsui

En salles le 05 Août 2020 – Japon – 1h44

VOIR LE FILMACHETER LE FILMACHETER LE COFFRET COLLECTOR

Ichiko est infirmière à domicile. Elle travaille au sein d’une famille qui la considère depuis toujours comme un membre à part entière. Mais lorsque la cadette de la famille disparaît, Ichiko se trouve suspectée de complicité d’enlèvement. En retraçant la chaîne des événements, un trouble grandit : est-elle coupable ? Qui est-elle vraiment ? Un thriller psychologique machiavélique et stupéfiant.

Qui est vraiment Ichiko ? L’infirmière innocente prise dans la tourmente d’un terrible règlement de compte ? La coupable idéale d’un sombre fait divers, tant son comportement semble aller à rebours de la bien-pensance japonaise ? Ou bien une manipulatrice au sang-froid implacable ? Au terme de ce thriller psychologique construit avec intelligence et une incroyable malice, il est fort possible que le trouble apparaisse au final comme le seul grand vainqueur.

L’ouverture du film se fait sur une femme entrant dans un salon de coiffure. Elle répond au nom de Risa Ichida. Alors qu’une étrange intimité s’installe d’office entre le coiffeur et elle, lui refusant presque de lui couper les cheveux tant il les trouve beaux, elle soutient magnétiquement son regard et réitère son besoin de « changer de tête ». Nous comprenons très vite qu’elle n’a pas changé que cela, puisque derrière l’identité de Risa Ichida se cache Ichiko. Qu’est-elle en train de manigancer ? Elle semble pourtant mener une vie droite et honnête comme infirmière, s’occupant notamment d’une grand-mère à domicile, si patiemment, avec tant de douceur, qu’Ichiko est presque la favorite de la famille. Les deux petites-filles, en particulier, lui vouent un attachement sans borne. Saki et Motoko, toutes deux adolescentes, scruteraient même Ichiko comme ce grand modèle féminin qu’elles rêveraient d’incarner un jour. L’énigmatique Motoko s’avère immodérément troublée par celle que le temps a rendu plus belle et plus inspirante que les jeunes de son âge. Au point qu’elle éprouve davantage de sentiments pour elle que pour son propre petit ami – le coiffeur de l’ouverture… Nous pourrions nous arrêter là, continuer à regarder Ichiko vaquer joliment à sa vocation, avoir de l’empathie pour cette jeune fille qui garde en son cœur un amour inavouable, sous couvert d’éveil des sens adolescents… Sauf que Saki, la jeune fille de la famille, disparaît un beau jour. Kidnappée. Le coupable ? Seules Ichiko et Motoko le connaissent.

Déjà dans son encensé Harmonium qui avait obtenu le Prix du Jury Un Certain Regard à Cannes en 2016, Kôji Fukada privilégiait les tableaux ambigus, chargés d’émotion, à la mécanique narrative elliptique implacable. L’infirmière reprend avec ambition ce dispositif, faisant cohabiter plusieurs temporalités. D’abord, une lente descente pour Ichiko qui s’enfonce dans le mensonge. Puis, Ichiko devenue Risa Ichida, cachant ses intentions au monde. Ce jeu sur les strates de temps permet de montrer brillamment les différents contours de sa personnalité, d’en saisir la complexité, à la fois complice et victime, dans le crime et dans son châtiment. En trame de fond, un commentaire social passionnant se dessine finement, sans en être le sujet central comme dans un film de Hirokazu Kore-Eda. On y voit combien la société japonaise est empreinte d’isolement – mais quelle société moderne ne l’est pas ? – et qu’une destitution sociale a un impact sans retour sur l’équilibre de celui qui la subit. Le harcèlement est une composante de la société féodale japonaise et sa spirale est vertigineuse pour ceux qui, comme les infirmières, sont en lien avec les « impurs ». « Ichiko apprend à ses dépens que la position, l’estime de soi et les liens humains sont comme les différents étages d’un bâtiment construit sur un sol sablonneux » précise Kôji Fukada, conscient des sables mouvants dans lesquels nous évoluons tous. L’infirmière est un film plus qu’incontournable cet été, d’autant qu’il fait écho à la bravoure du personnel soignant qui continue à prodiguer du soin même dans les pires moments. Last but not least : le prochain film du réalisateur Suis-moi je te fuis, fuis-moi je te suis est l’un des élus de la Sélection Officielle de Cannes 2020. O. J.

The post L’INFIRMIÈRE appeared first on Hanabi.

]]>
WONDERLAND, LE ROYAUME SANS PLUIE https://www.hanabi.community/wonderland-le-royaume-sans-pluie/ Mon, 14 Dec 2020 12:29:41 +0000 https://www.hanabi.community/?p=6327 Akané est une jeune fille rêveuse. La veille de son anniversaire, elle se rend chez sa tante antiquaire pour récupérer son cadeau. Dans l’étrange bric-à-brac de la boutique, elle pose sa main sur une pierre magique. S’ouvre soudain un passage secret vers le monde de Wonderland, qu’il va falloir sauver de la sécheresse. Le meilleur anime de 2019.

The post WONDERLAND, LE ROYAUME SANS PLUIE appeared first on Hanabi.

]]>

Wonderland, le Royaume sans pluie de Keiichi Hara
avec les voix de Mayu Matsuoka, Anne Watanabe, Masachika Ichimura, etc.
En salles le 24 Juillet – Japon – 1h55

VOIR LE FILMACHETER LE FILM

Akané est une jeune fille rêveuse. La veille de son anniversaire, elle se rend chez sa tante antiquaire pour récupérer son cadeau. Dans l’étrange bric-à-brac de la boutique, elle pose sa main sur une pierre magique. S’ouvre soudain un passage secret vers le monde de Wonderland, qu’il va falloir sauver de la sécheresse. Le meilleur anime de 2019.

Le cinéma d’animation japonais est probablement celui qui parvient avec le plus de souplesse et d’élégance à joindre le merveilleux à la défense d’une cause. Les chefs d’oeuvre en la matière demeurent les indétrônables Voyage de Chihiro (2002) et Princesse Mononoké (2000) de Hayao Miyazaki, bien sûr, et Le Tombeau des lucioles (Isao Takahata, 1988), pour leur critique vive des sociétés humaines, sublimée par un déploiement créatif d’une beauté sidérante. C’est au tour de Wonderland, le royaume sans pluie d’apporter sa pierre à l’édifice des causes, avec cette fable écologique où la sécheresse draine les couleurs et l’énergie du monde magique de Wonderland.
Le printemps est là, c’est une explosion de soleil et d’ardeur. Akané ne voit pourtant pas la vie qui bourdonne autour d’elle, merveilleuse. Elle n’écoute que son vague à l’âme, la petite voix intérieure qui lui fait broyer du mou. Quel étrange spleen, quand on a l’avenir devant soi… C’est peut-être le lot de tout(e)s les (pré)adolescent(e)s. N’être pas très à l’aise dans un corps qui change, pas aussi brave que l’on voudrait. Se chercher sans savoir où aller, puis se réfugier dans le confort d’un groupe qui peut être parfois aveuglément cruel, mais qu’on suit par peur d’être rejeté. Tout cela est montré en quelques séquences légères, aux couleurs chatoyantes et acidulées qui décrivent joyeusement le contraste entre la vie intérieure d’Akané et le microcosme pourtant privilégié dans lequel elle évolue. Comme déconnectée. Devenue insensible à son environnement, à cause de la technologie, des défis de géants que des petites épaules doivent porter. N’y-a-t-il pas toutes les raisons pour s’avouer d’office vaincu ?
Lorsque la mère d’Akané, à la patience angélique, lui demande d’aller chercher un cadeau dans la boutique de sa tante Chii, le réflexe pavlovien d’Akané est évidement de rechigner. Mais très vite, le bric-à-brac du magasin, l’empilement d’objets insolites et la spontanéité solaire de sa jeune tante l’apaisent. Fascinée par les bibelots de la boutique, Akané tripotent tous ceux qui passent à sa portée. Jusqu’à ce que sa main reste coincée dans une empreinte et que la porte s’ouvre sur un nouveau monde… Duquel deux personnages surgissent : un alchimiste énigmatique du nom d’Hippocrate et son adorable apprenti, le minuscule Pipo. Tout cela n’est que le début d’un longue et merveilleuse aventure qui va entraîner Akané et ses nouveaux amis au cœur de Wonderland, dont elle serait l’ultime rempart contre la terrible sécheresse qui menace le royaume.
De Keiichi Hara, on se souvient de l’étonnant premier film Un été avec Coo (2007) comme de son bouleversant Colorful (2010) et de l’encensé Miss Hokusai (2015). Avec Wonderland, le royaume sans pluie, il excelle cette fois dans l’art de construire un monde. Avec une ambition visuelle particulièrement soignée qui jongle entre plusieurs univers, s’autorisant des ruptures de ton fertiles et hautes en couleurs, il déploie ici tout son imaginaire féérique. Il y aura bien sûr un prince qui, contrairement à d’autres, renoncera d’abord au pouvoir, effrayé par le désastre écologique à surmonter. Mais aussi des personnages secondaires comme on rêverait d’en voir, allant des moutons si molletonnés qu’il est possible de faire une sieste dans leur laine, en passant par des oiseaux et poissons géants, des drôles d’animaux machine, des lutins-amis, le tout sur un fond d’animation peaufinée, en parfaite osmose avec toutes sortes de paysages merveilleux, dont on s’extasie forcément. Mais malgré son étrangeté, ce monde pourrait être le reflet du nôtre s’il avait évolué différemment. Là-bas aussi il y a des campagnes luxuriantes aux couleurs magiques, des villes de bruit, de fer et de rouille, qui polluent aveuglément. Là-bas aussi les habitants redoutent que l’eau viennent à manquer et se demandent comment lutter, espèrent… Là-bas encore il faut apprendre à reprendre la pleine mesure de la beauté et éviter le gâchis, en renouant avec son inconscient, ses rêves, sa mélancolie des civilisations éteintes et des légendes. Ce périple initiatique va transformer durablement Akané, lui permettre de découvrir qui elle est vraiment, à s’aimer et, par ricochet, à aimer l’univers et la nature qui l’entoure, à vouloir le protéger. Elle aurait presque des airs de Greta Thunberg, la Suédoise de 16 ans bien décidée à faire évoluer les mentalités qui proférait aux dirigeants du monde qu’ils « ne sont pas assez matures ». C’est ainsi que Wonderland, le royaume sans pluie est un film pour les enfants qui grandissent, prennent conscience du monde environnant et des menaces qui pèsent sur lui mais aussi un film pour les adultes – nous – qui avons parfois oublié d’en prendre conscience à leur âge. De quoi vous faire particulièrement apprécier les pastèques, abricots et melons qui parsèmeront vos assiettes cet été, vous rendre attentifs à l’eau qui coule et à la nature, si sensiblement liée à nos consciences humaines, quoiqu’on l’oublie souvent… A. F.

The post WONDERLAND, LE ROYAUME SANS PLUIE appeared first on Hanabi.

]]>
PASSION https://www.hanabi.community/passion/ Mon, 14 Dec 2020 12:26:32 +0000 https://www.hanabi.community/?p=6324 Un jeune couple annonce son mariage lors d’un dîner entre amis. Les réactions de chacun vont révéler des failles sentimentales jusque-là inexprimées au sein du groupe.

The post PASSION appeared first on Hanabi.

]]>

Passion de Ryūsuke Hamaguchi
avec Aoba Kawai, Ryuta Okamoto
En salles le 15 Mai – Japon – 1h55

VOIR LE FILMACHETER LE FILM

Un jeune couple annonce son mariage lors d’un dîner entre amis. Les réactions de chacun vont révéler des failles sentimentales jusque-là inexprimées au sein du groupe.

Après tout ce temps, avoir la chance de découvrir aujourd’hui le premier film de Ryûsuke Hamaguchi (réalisé avant Senses et Asako I&II) fait office de trésor retrouvé sous les flots. Comment décrire autrement cette émotion que tout premier film, de la part de réalisateurs majeurs, suscite forcément ? Il y eut La Pointe courte (1955) d’Agnès Varda,  Shadows (1959) de John Cassavetes, La Balade sauvage (1973) de Terrence Malick,  Little Odessa (1994) de James Gray, bien d’autres encore… Et en ce jour : Passion, qu’Hamaguchi réalisa en 2008 dans sa fraîcheur vibrante. Le fond, plus que jamais, l’emporte ici sur la forme.

C’est l’histoire d’un homme et d’une femme qui aurait pu être banale mais n’aurait pas fait un film. Une histoire de jeunesse, d’amour, de rupture, de trahison… Il aura suffit que le couple annonce son union pour qu’un son de cloche discordant retentisse ailleurs, pas celui d’une église, mais d’une intériorité qui s’oppose, fulmine : « Je ne sais pas qui je suis, alors, je deviens libre ». La nuit arrive et avec elle, d’obscurs objets de désir, l’alcool qui grise les sens, les mots qui fusent comme des comètes et prononcent leurs vœux, non, pas ceux du mariage, mais de l’amour, le grand, le vrai, le probable, quoiqu’inexistant. Lui se retrouve en plein huis-clos chez une ancienne amante, à se complaire dans un jeu de dupes avec deux amis – l’un, d’ailleurs, aime sa compagne et lui, d’ailleurs, aime cette amante. Il y refait le monde pour mieux détruire le sien. Elle réalise que ce bonheur affiché est illusoire et, portée par l’angoisse ou le soulagement, expérimente déjà l’abandon conjugal dans son appartement de nuit. La crise du couple, par effet de contagion, ne tarde pas à gronder en chaque membre de leur entourage. Sauf qu’à force de laisser Marivaux sous l’orage, celui-ci rembarrera, vexé, mots doux et faux-semblants. Pour ne laisser que la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, sans ornement. Il apparaît très vite que, tous amis, ils se détestent au fond. Tous en couple, ils en aiment souvent un(e) autre… Chacun prendra alors la mesure de ses actes, dans des scènes de vérité sublimes, hors normes, éclatantes.

Passion a des airs de Nuits de la pleine lune (Eric Rohmer, 1984) au Japon et ne cache pas l’influence du film. Comme un levier magnétique, la nuit soulève les personnages hors de leurs déterminations sociales, les laisse planer dans leurs rêves, leur bouillonnement intérieur. Si hauts placés dans le monde – celui du désir – ils chavirent un instant. En oublient la mesure. Dans leur pure complexité émotionnelle, les mots adviennent finalement comme des pavés destructeurs. Mais le talent d’Hamaguchi pour questionner notre capacité à nous réinventer et réparer le monde bosselé des vivants se révèle vite au grand jour – et pour la première fois – dans ce petit laboratoire originel des passions humaines où tout son univers est condensé, jusqu’à son sujet fétiche : la libération de l’individu, cherchant à se défaire des carcans du groupe, du couple, plus globalement de la société. Et l’organisation nipponne est en effet parfois bien corsetée ! En toute humilité et grâce, il transforme des aspirations de prime abord inconciliables en rencontres ultimes, épargnées. À l’instar de la réaction du protagoniste masculin à la toute fin du film qui fait se redresser l’édifice savamment détruit, avec une preuve d’amour. Celle-ci est bien plus forte que la simple mention d’un charme (« J’aime la forme de ton menton »), qu’un rival aura déjà dite. C’est en fait une déclaration de remords, limpide, sans laquelle il n’aurait jamais su mériter l’amour, l’amitié, sa vie. À l’époque de Passion, Hamaguchi rêvait peut-être d’un monde où tout pourrait être partagé, et sauvé par les mots. Toutes les vérités sont-elles bonnes à dire ? En tout cas, une chose est sûre : on a envie de toutes les connaître !

O. J.

The post PASSION appeared first on Hanabi.

]]>
ASAKO I&II https://www.hanabi.community/asako-iii/ Mon, 14 Dec 2020 12:22:42 +0000 https://www.hanabi.community/?p=6321 Asako est amoureuse de Baku, électron libre. Sa disparition soudaine la rend inconsolable, jusqu’à sa rencontre deux ans plus tard avec Ryohei, le sosie exact de Baku, au caractère totalement opposé… Une inventivité vertigineuse. Le meilleur film japonais de 2019.

The post ASAKO I&II appeared first on Hanabi.

]]>

Asako I&II, de Ryûsuke Hamaguchi
avec Masahiro Higashide, Erika Karata
En salles le 02 Janvier – Japon – 1h59

VOIR LE FILMACHETER LE FILM

Asako est amoureuse de Baku, électron libre. Sa disparition soudaine la rend inconsolable, jusqu’à sa rencontre deux ans plus tard avec Ryohei, le sosie exact de Baku, au caractère totalement opposé… Une inventivité vertigineuse. Le meilleur film japonais de 2019.

Sous quel angle aborder un film comme Asako I&II ? On se laisse charmer par les différents genres auxquels il nous amène, comme bercés par toutes ses possibilités. Les Anglo-Saxons ont tendance à résumer les histoires d’amour romantiques en « girl meets boy » (une fille rencontre un garçon) : Asako peut se fondre en partie dans cette expression. Tout allait d’abord particulièrement bien pour elle. Sa rencontre avec Baku tenait du coup de foudre telle l’explosion d’un feu d’artifice (« Hanabi » en japonais !) au moment de leur premier baiser. Alors qu’elle pense avoir trouvé l’homme de sa vie, un beau matin il sort pour acheter des chaussures et disparait. Cette entrée en matière sème déjà le trouble : après avoir exploré au printemps dernier avec un époustouflant sens du naturalisme la psyché féminine dans la saga Senses, Ryûsuke Hamaguchi aurait-il préféré ici la pente sentimentale ? Les évènements à venir confirmeront qu’il n’en est rien.

Jamais remise de cette rupture brutale, Asako quitte tout ce qui lui rappelait Baku, et Osaka aussi pour s’installer à Tokyo où elle rencontre quelques temps plus tard Ryohei, double physique de Baku, dont elle va à son tour s’éprendre. Mais est-ce pour son caractère plus tempéré ou pour raviver la flamme de son amour perdu ?

Avec ce rebondissement, Hamaguchi repousse en réalité les stéréotypes des romances à l’eau de rose pour se resserrer sur un splendide portrait de femme, assoiffée d’épanouissement qui a finalement tout d’une extension de celles de Senses: même si Asako I&II tourne autour du mystère liant Ryohei et Baku, c’est avant tout le point de vue féminin qui intéresse Hamaguchi avec ce personnage-titre partagé entre un homme qui lui est amoureusement dévoué et un autre séduisant par son refus de l’engagement.

La profondeur et la subtilité avec laquelle cette femme est dépeinte la classe dans les héroïnes complexes et conquérantes. Les traits du visage d’Erika Karata comme la manière très graphique dont est filmée sa silhouette la rapprochent en revanche d’une poupée de cire difficile à cerner. C’est que les personnages sont forts, et contradictoires. On sent l’admiration d’Hamaguchi à leur égard. La disparition de l’un d’entre eux (c’était déjà le cas dans Senses) est finalement chez lui l’épicentre d’un séisme dont il va falloir se remettre. Le couple du film, avant d’être lui-même victime du choc de la décision amoureuse, ne vient-il pas en aide aux victimes de Fukushima ? Il y a manifestement du curatif dans le cinéma du Japonais avec en son cœur un magnifique projet : explorer ses propres secousses au moment où la clé d’une énigme intime se démêle enfin… A.M

The post ASAKO I&II appeared first on Hanabi.

]]>
LA SAVEUR DES RAMEN https://www.hanabi.community/la-saveur-des-ramen/ Mon, 14 Dec 2020 12:18:24 +0000 https://www.hanabi.community/?p=6317 Masato, jeune chef de Ramen au Japon, a toujours rêvé de partir à Singapour pour retrouver le goût des plats que lui cuisinait sa mère quand il était enfant. Alors qu’il entreprend le voyage culinaire d’une vie, il découvre des secrets familiaux profondément enfouis. Trouvera-t-il la recette pour réconcilier les souvenirs du passé ? Plus que jamais, le cinéma de Eric Khoo donne faim. Des spécialités japonaises aux délicieux mets de Singapour, La Saveur des Ramen ouvre l’appétit sans jamais se tromper dans les mesures ni dans les ingrédients. Savoureux et délicat.

The post LA SAVEUR DES RAMEN appeared first on Hanabi.

]]>

La Saveur des Ramen, de Eric Khoo
avec Takumi Saitoh, Mark Lee, Seiko Matsuda, Jeannette Aw
En salles le 03 Octobre – Japon – 1h30

VOIR LE FILMACHETER LE FILM

Masato, jeune chef de Ramen au Japon, a toujours rêvé de partir à Singapour pour retrouver le goût des plats que lui cuisinait sa mère quand il était enfant. Alors qu’il entreprend le voyage culinaire d’une vie, il découvre des secrets familiaux profondément enfouis. Trouvera-t-il la recette pour réconcilier les souvenirs du passé ? Plus que jamais, le cinéma de Eric Khoo donne faim. Des spécialités japonaises aux délicieux mets de Singapour, La Saveur des Ramen ouvre l’appétit sans jamais se tromper dans les mesures ni dans les ingrédients. Savoureux et délicat.

Cuisine et cinéma se sont toujours formidablement entendus. Les films qui mettent les petits plats dans les grands sont innombrables, des scènes de repas du dimanche dans Vincent, François, Paul… et les autres (1974) chez Claude Sautet au récit pantagruélique du menu du Festin de Babette (1987). Et s’il y a bien un continent qui sait rendre son cinéma savoureux : c’est l’Asie. Qu’il soit fait à Hong-Kong ou à Taïwan, en Chine ou au Japon, le cinéma asiatique sait mieux que les autres faire saliver, transformer un simple repas en famille ou entre amis en indispensable ingrédient culturel. Eric Khoo est un maître en la matière. Impossible de sortir de ses films sans être affamé, tant ils sont parcellés de recettes suculentes. Dès son premier long métrage (Mee Pok Man, en 1995), le personnage principal enchaînait les bols de nouilles fumantes. Dans son deuxième, 12 storeys (1997), on suivait les traces d’un vendeur de Yong Tau Foo (un plat de tofu farci). Dans Be with me (2005) ou My magic (2008), on ne compte plus les séquences où il est question de bouillons onctueux ou de raviolis vapeur, pour le plus grand bonheur de nos papilles dans les yeux.

La Saveur des Ramen ne déroge pas à la règle des gourmandises. Mais le film est imprégné cette fois d’une densité encore plus forte que d’habitude, brassant aussi bien l’enfance de ses personnages, leurs intimités touchantes, que la Grande Histoire. On y ressent une nostalgie du cinéma dont Eric Khoo était friand, ces westerns où les cow-boys passent leur temps à se réunir au coin du feu autour d’une assiette de haricots rouges cuits à la poêle ou d’un café bu dans des tasses en fer-blanc. Mais surtout : la nostalgie de sa mère dont il a gardé, comme beaucoup, des souvenirs émerveillés de petit garçon, des madeleines de Proust évoquant aussi bien des plats que des rituels, comme ces pique-niques au East Coast Park à dévorer du poulet au curry. La Saveur des Ramen fait l’évocation de ces instants magiques : il y est autant question de l’attachement à des goûts qu’à celui à une mère. Entre les deux, il y a Masato.

Ce jeune homme travaille aux côtés de son père, dans un restaurant japonais spécialisé dans les ramen (des pâtes mijotées dans un bouillon de viande ou de poisson). Il possède un certain savoir-faire mais n’y met pas tout son cœur. Lorsque son père, qui a perdu goût à la vie depuis son veuvage, meurt soudainement, Masato devient un orphelin qui ne connaît rien des autres membres de sa famille. Où sont ses oncles, ses tantes, ses grands-parents ? Pourquoi sa mère a-t-elle toujours gardé le mystère sur son enfance ? Il manque une pièce au puzzle. Masato décide alors de suivre le fil d’Ariane de ses origines et part pour Singapour. À la fois lieu de la rencontre de ses parents (qui se sont séduits lors de dîners, bien sûr…) que de réminiscences gourmandes (notamment : l’exceptionnel bouillon que préparait son oncle), la nourriture y dissipe les rivalités entre deux pays que la Seconde Guerre mondiale a séparé : le Japon (pays natal du père de Masato) et Singapour (dont est originaire sa mère).

La Saveur des Ramen est ainsi une grande histoire de réconciliation : Masato, enfant de la mondialisation et d’internet – c’est d’ailleurs avec l’aide d’une blogueuse culinaire qu’il recompose le parcours de ses parents… – va vouloir faire fusionner le souvenir d’un père et d’une mère qui s’aimaient en créant une soupe qui serait l’exacte combinaison du plat populaire japonais et de son équivalent singapourien (la soupe bak kut teh). Eric Khoo y trouve un moyen de travailler plus encore que d’habitude ses thématiques récurrentes : la nourriture et la mémoire. S’il avait déjà ébauché ce rapprochement dans Recipe, un téléfilm de 2013 inédit en France, où une femme-chef gardait le lien avec sa mère atteinte d’Alzheimer en apprenant sa recette de poulet au curry, il y accorde un soin tout particulier dans La Saveur des Ramen. Quelle plus belle idée que la création d’une soupe cosmopolite et universelle pour célébrer le cinquantenaire des relations diplomatiques entre Singapour et le Japon, désormais plus apaisées quoique toujours pétries de non-dits autour des années de guerre ?

Ces non-dits, Masato comme son père ou sa grand-mère qu’il finit par retrouver, les expriment dans leur manière de cuisiner, remplaçant les mots par des nuances délicates. Comme s’il existait un braille dans le goût, une manière de lire en quelqu’un comme dans un livre de recettes ouvert. Aux séquences de préparation des plats s’ajoutent des anecdotes qui les inscrivent dans l’histoire des deux pays. Y compris dans ses heures sombres, quand Masato découvre dans une exposition la brutalité qui s’est abattue sur ses parents dans les années 40.

La Saveur des Ramen fait œuvre de résilience jusque dans sa conception même : c’est un producteur japonais qui a proposé au Singapourien Eric Khoo de faire un film qui réunirait des acteurs des deux nations, jusqu’à Seiko Matsuda, une ancienne star de la J-Pop. La grande crainte du réalisateur était que les membres de son équipe restent arcboutés sur leurs cultures respectives, que Japonais et Singapouriens restent chacun dans leur coin, notamment lors des pauses repas. Mais dès le premier jour du tournage, le soulagement s’est fait : car c’est justement autour d’un plat de ramen que le courant est passé. Comme quoi la cuisine n’a de cesse de nous réunir et de nous donner goût à la vie ! A.M

Découvrez aussi notre article sur les liens entre cuisine et bande dessinée !

The post LA SAVEUR DES RAMEN appeared first on Hanabi.

]]>
SENSES https://www.hanabi.community/senses/ Tue, 01 Dec 2020 10:58:05 +0000 https://www.hanabi.community/?p=5956 À Kobe, au Japon, quatre femmes partagent une amitié sans faille. Du moins le croient-elles : quand l’une d’elles disparaît du jour au lendemain, l’équilibre du groupe vacille. Chacune ouvre alors les yeux sur sa propre vie et comprend qu’il est temps d’écouter ses émotions et celles des autres… Une fresque passionnante d’une ampleur inégalée. Le film japonais de 2018. Au Japon, 100 000 personnes disparaissent chaque année sans laisser de traces. On les appelle les « évaporés ». C’est ce que va devenir Jun, l’une des héroïnes, après avoir prononcé son divorce, laissant ses trois meilleures amies dans le plus grand désarroi. Sa disparition va entraîner un séisme intime en chacune d’elles, les amenant à questionner leur amitié comme leurs vies respectives.

The post SENSES appeared first on Hanabi.

]]>

Senses, de Ryusuke Hamaguchi
avec Sachie Tanaka (Akari), Hazuki Kikuchi (Sakurako), Maiko Mihara (Fumi), Rira Kawamura (Jun)
En salles le 02 Mai – Japon – Épisodes 1&2 (2h20) ♦ le 9 mai, épisodes 3&4 (1h25) ♦ le 16 mai, épisode 5 (1h15)

VOIR LE FILMACHETER LE FILM

À Kobe, au Japon, quatre femmes partagent une amitié sans faille. Du moins le croient-elles : quand l’une d’elles disparaît du jour au lendemain, l’équilibre du groupe vacille. Chacune ouvre alors les yeux sur sa propre vie et comprend qu’il est temps d’écouter ses émotions et celles des autres… Une fresque passionnante d’une ampleur inégalée. Le film japonais de 2018.

Au Japon, 100 000 personnes disparaissent chaque année sans laisser de traces. On les appelle les « évaporés ». C’est ce que va devenir Jun, l’une des héroïnes, après avoir prononcé son divorce, laissant ses trois meilleures amies dans le plus grand désarroi. Sa disparition va entraîner un séisme intime en chacune d’elles, les amenant à questionner leur amitié comme leurs vies respectives.

Ryusuke Hamaguchi donne dans Senses une ampleur inédite à la situation en libérant de manière parfois violente une parole trop longtemps mise en sourdine. Sans rien montrer d’une hystérie généralisée ou d’actes physiques extrêmes, leur chamboulement émotionnel n’en est pas moins intense. Il est à la source de remous intérieurs qui vont les pousser à se poser des questions essentielles, à même de changer la destinée de chacune, parce que les réponses apportées s’émancipent du poids moral de toute une société : Comment aimer ? Peut-on avoir confiance en l’autre ? Doit-on tout se dire ? Ai-je la vie que je souhaite ?

Pour éviter des réponses toutes faites, Hamaguchi prend le temps d’une analyse collective, notamment par le biais d’un atelier de communication auquel participe la bande d’amies. Celui-ci va avoir un effet cathartique imprévu. Un des exercices consiste en effet à se toucher — écouter le ventre de son voisin, lire dans ses pensées en collant son front sur le sien — chose rare au Japon où la pudeur est de mise. Ces gestes, simples mais inhabituels, ne vont pas se contenter de mettre le doigt sur des sensations physiques et l’importance de prêter une attention au corps : ils vont déclencher au passage une véritable bombe à retardement, faisant éclater les faux-semblants, mettant à jour tout un système de mensonges et de dissimulations liés au statut et à la condition féminine, dans un monde moderne qui persiste à vouloir les contraindre dans des codes et des schémas patriarcaux (pas propres au Japon mais dont les aspects paraissent ici inouïs de notre point de vue occidental et biaisé…). Va s’en suivre un apprentissage qui ira instiller jusqu’à leurs proches : la nécessité d’écouter, de parler, de ressentir… Et de suivre son instinct.

Cinq épisodes ne sont pas de trop pour explorer le cheminement intérieur de ces quatre Japonaises et leur rendre une parole trop longtemps empêchée. Vivre ainsi au plus près des émotions des personnages est un privilège suffisamment rare pour qu’on s’en délecte pleinement. Les formats calibrés des films (notamment : leur durée moyenne) ne le permettent qu’occasionnellement. À la fin de Senses, cette impression de quitter quatre amies proches, avec leurs qualités et leurs défauts, nous ferait presque espérer une suite à ce récit fleuve, galvanisant, prenant et toujours passionnant. A.M

The post SENSES appeared first on Hanabi.

]]>