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Un film de Takeshi Kitano

avec Hiroko Ôshima, Claude Maki, Sabu Kawahara, Toshizo Fujiwara

Japon – 1h40

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Un éboueur sourd-muet se découvre une passion dévorante pour le surf. Parti de zéro, il progresse peu à peu sur sa planche…

En 1991, Takeshi Kitano n’est déjà plus à une surprise près. La star du comique de manzaï (version japonaise du stand-up, sauf que cette fois il se pratique en duo) avait déconcerté son public avec son premier long-métrage, Violent Cop (1989), polar noir et âpre où baigne le personnage d’un anti-héros solitaire en son genre – dans la lignée du cinéma rugueux de Kinji Fukasaku. D’une toute autre manière, Jugatsu (1990) faisait une relecture très personnelle du milieu des Yakuzas, lançant le coup d’envoi de Sonatine (1995), l’œuvre qui allait faire découvrir Kitano en dehors du Japon – et son penchant naturel pour la mélancolie… Celle-ci se distille avec douceur et émotion dans A scene at the sea, le premier film de Kitano qui ne fasse pas appel à ses propres talents d’acteur.

On y suit le parcours d’un jeune handicapé fasciné par la mer, qui rêve de devenir champion de surf. Le film porte à l’évidence le sceau Kitano : son sens de l’épure radicale, sans la moindre fioriture, permet de déployer chaque émotion, de créer un langage cinématographique où l’essentiel est fulgurant. À tel point que les paroles n’y sont plus nécessaires (Shigeru comme sa copine Takako sont sourds-muets), le montage et la gamme chromatique du film allant toujours au cœur de la substance sensible : l’amour qui connecte ce couple, les variations de son flux invisible. Il y aura un drame, mais celui-ci ne vient jamais ternir les bandes d’azuréen ciel bleu qui infiltre chaque parcelle de l’image. Car ce ciel, miroir pur d’une innocence fragile incapable de résister à l’assaut des vagues de la vie, est inflexible.
A.M