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Tout le monde a un voyage de cœur dont il a gardé les souvenirs dans une petite boîte où tout y est indistinctement précieux : le tableau admiré au musée et le billet de métro en langue étrangère, le petit savon anonyme mais si unique piqué dans la chambre d’hôtel et les merveilles de l’architecture locale.

Japon, un voyage silencieux de Sandrine Bailly est une sorte de sublimation de la boîte à souvenirs, suspendu entre rêverie et histoire, itinéraire et divagation. Le voyage au Japon de vos rêves les plus fous. Au fil des chapitres aux noms aussi évocateurs que programmatiques –  « contempler »,  « errer »,  « tracer »,  « apparaître » et  « hanter » – l’auteure offre une invitation au voyage au fil de chefs-d’œuvre et de perles méconnues, d’estampes anciennes en photographies contemporaines et parcourt ainsi en long et en large le temps et l’espace, l’histoire du Japon et ses contrées.

Avec une grâce et une légèreté absolues, on fait valser le lecteur entre les poèmes de Bashō, les mille et un visages du Mont Fuji, le rôle central des plantes dans la littérature ancienne, les onomatopées dont la langue japonaise regorge, la beauté du geste comme réponse suprême à l’impermanence des choses (le mono no aware), la plume si peu connue des grandes poétesses du passé comme Murasaki Shikibu, les palpitations des artistes contemporains.

À côtés des grands noms de l’estampe et de la xylographie, comme Utamaro ou Hokusai, on découvre avec enchantement des regards inédits : les images vibrantes et fragiles de la photographe et graphiste lilloise Nadia Anemiche (à suivre entre autres sur Instagram (@rabbittears) retraçant son voyage au Japon, les fleurs sombres et hypnotiques de Hiroyuki Matsumoto et, bien évidemment, la série de photographies de Rinko Kawauchi (@rinkokawauchi) appelée, on ne peut plus à propos, “HANABI”.

Japon, un voyage silencieux est un envol en mots et en images, rappelant à la fois le vol tout en hauteur de l’aigle et celui tout en minutie et proximité du colibri, qui aura le seul inconvénient majeur de vous faire dévaliser les rayons des libraires pour vous engager pour de bon sur les sentiers littéraires et artistiques dont il vous montre le chemin.

(edg)