Hanabi https://www.hanabi.community/ Le Japon nous fait du bien Tue, 23 Apr 2024 08:58:59 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.4.4 https://www.hanabi.community/wp-content/uploads/2020/11/logo-2-100x100.png Hanabi https://www.hanabi.community/ 32 32 COMME UN LUNDI : AVANT-PREMIÈRES AFTERWORK https://www.hanabi.community/comme-un-lundi-avant-premieres-afterwork/ Mon, 15 Apr 2024 08:39:09 +0000 https://www.hanabi.community/?p=27833 Découvrez COMME UN LUNDI lors des avant-premières afterwork !

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COMME UN LUNDI de Ryo Takebayashi

Votre boss vous harcèle ? Vos collègues vous épuisent ? Vous ne voulez plus retourner au bureau ? Vous n’imaginez pas ce que traversent Yoshikawa et ses collègues ! Car, en plus des galères, ils sont piégés dans une boucle temporelle… qui recommence chaque lundi ! Entre deux rendez-vous client, réussiront-ils à trouver la sortie ?

Au cinéma le 8 mai.

LISTE DES AVANT-PREMIÈRES AFTERWORK

Découvrez COMME UN LUNDI en avant-première en avril et en mai dans toute la France. Trouvez sur la carte ci-dessous la séance ou le cinéma près de chez vous 👇

Cette liste est évolutive : si vous ne trouvez pas de salle à proximité de chez vous ou l’horaire d’une séance, il est possible qu’ils soient ajoutés prochainement sur la carte.

Envie de partager encore plus l’expérience de Yoshikawa et ses collègues ? Rendez-vous à Metz où le Cinéma Klub organise des avant-premières… en boucle ! Les séances 👇

  • Cinéma Le Klub (Metz) – Lundi 29 avril à 20h15 – VOSTFR
  • Cinéma Le Klub (Metz) – Lundi 6 mai à 20h15 – VOSTFR

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HANAMI : TOI, MOI, 19 m² ET LE JAPON https://www.hanabi.community/hanami-toi-moi-19-m%c2%b2-et-le-japon/ Wed, 27 Mar 2024 21:56:11 +0000 https://www.hanabi.community/?p=27815 À l’amour, à la vie, hanami Notre histoire commence par le début, le début de l’histoire. De l’histoire d’amour, évidemment. Un bar bondé, les amis...

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Par Julia Cejas

Ils sont jeunes, créatifs, ils s’aiment et ils ont un rêve : quitter leur Espagne natale et partir ensemble au Japon. Quoi de mieux pour un couple amoureux que de découvrir une nouvelle culture à deux ? Mais derrière la beauté des sakuras en fleurs, la réalité du déracinement se révèle dans toutes ses galères, parfois désespérantes et parfois terriblement drôles. Parce que oui, le romantisme en prend un coup quand il faut passer aux toilettes et qu’on partage un minuscule appartement à Tokyo… Cap sur Hanami : Toi, moi, 19 m² et le Japon, délicieuse première œuvre signée Julia Cejas. 

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À l’amour, à la vie, hanami

Notre histoire commence par le début, le début de l’histoire. De l’histoire d’amour, évidemment. Un bar bondé, les amis des amis qui se rencontrent dans le brouhaha de la nuit valencienne et ne se quittent plus. Huit ans plus tard, le voilà : Julia, illustratrice, et Marc, aspirant compositeur pour jeux vidéos. Ils sont toujours aussi amoureux l’un de l’autre mais quelque chose les pousse vers un troisième grand amour : le Japon.

Le Pays du Soleil Levant, dont la culture pop les abreuve, semble un horizon lointain mais pas si inconnu. Quelques économies, sacs à dos et 10 000 km plus tard, voici notre couple espagnol enfin à Tokyo. Mais c’est là où le ba blesse. Et entendez par ba, le ba japonais (場) : un lieu et un temps créant une atmosphère.

Deux pousses déracinées au pays des sakuras

Au fil des saynètes qui composent Hanami : Toi, moi, 19 m² et le Japon, Julia Cejas met en images avec beaucoup d’autodérision tout l’égarement des déracinés volontaires. Bien qu’elle sache que ce séjour au Japon est le voyage de leur vie, la mémoire imprime tout un tas de choses anodines qui deviennent tout d’un coup légendaires de par leur décentrement.

Certes, il y a les codes de conduite et les mystères de la langue. Il y a la tradition millénaire de l’hanami, la contemplation des cerisiers en fleur. Il y a les temples et les rituels. Tout ce qui de loin rentre dans le tiroir mental appelé (par les Occidentaux, bien évidemment) « La-Grande-Et-Ancestrale-Culture-Japonaise ». Mais il y a aussi l’autre culture japonaise, tout aussi vraie et japonaise, bien que moins grande-et-ancestrale. Il y a le prix exorbitant des fruits et légumes, le tri sélectif aux règles complexes et aux sanctions impitoyables, les WC à télécommande.

L’étranger n’est jamais celui qu’on croit

Si Hanami : Toi, moi, 19 m² et le Japon est traversé par l’humour et les galères mémorables, il fait état lucidement d’une réalité moins drôle. Quand on part vers l’inconnu à deux, qui sera l’inconnu à la fin ? Car la distance, le déracinement, les défis personnels et professionnels de deux jeunes indépendants creusent de drôles de chemins dans l’âme de chacun – et pas toujours parallèles à ceux des autres.

En effet, comment s’aimer autant quand on vie, mange, dort et travaille dans un appartement minuscule pour les standards espagnols. Comment faire durer la flamme quand – on ose à peine y penser – il faut faire caca alors que l’autre bosse de l’autre côté de la porte. Comment encaisser les succès ou les doutes de son partenaire quand ce ne sont pas les nôtres ? L’amour pour le Japon avait beau être intense et partagé par Julia et Marc mais que fera-t-il à l’amour entre Julia et Marc à la fin ?

L’auberge hispano-nippo-française

Hanami : Toi, moi, 19 m² et le Japon est une drôle de parabole qui part de Valence, passe par Tokyo et se termine à Angoulème, au Festival de la Bande Dessinée où notre autrice, le cœur battant et un manuscrit en main, va apporter sa première œuvre, celle que vous avez sous les yeux. La boucle est bouclée.

Dans un beau contraste entre le rose de fleurs de cerisier et le bleu ardoise rappelant l’indigo des tissus japonais, l’argentine Julia Cejas livre un journal de bord, un récit initiatique, une lettre d’amour au Japon et à sa culture et un herbier des petites choses. Car, qu’on le veuille ou non, ce sont les petites choses font le souvenir des grands voyages.

EDG

Parution : 2022 / 136 pages / Éditions La Boîte à Bulles / Scénario, dessins et couleurs de Julia Cejas

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LA MÉLANCOLIE | L’AVIS D’HANABI https://www.hanabi.community/la-melancolie-critique-du-film/ Mon, 18 Mar 2024 13:55:30 +0000 https://www.hanabi.community/?p=27752 Après la perte brutale de son amant, Watako retourne discrètement à sa vie conjugale, sans parler à personne de cet accident. Lorsque les sentiments qu’elle pensait avoir enfouis refont surface, elle comprend que sa vie ne pourra plus être comme avant et décide de se confronter un à un à tous ses problèmes. 

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Un film de Takuya Kato

Drame | Japon | 1h24 | Prochainement au cinéma

Note : 4,7/522 Avis

Une immersion fascinante dans l’intimité de la vie conjugale japonaise, avec l’actrice d’Aristocrats.

Après la perte brutale de son amant, Watako retourne discrètement à sa vie conjugale, sans parler à personne de cet accident. Lorsque les sentiments qu’elle pensait avoir enfouis refont surface, elle comprend que sa vie ne pourra plus être comme avant et décide de se confronter un à un à tous ses problèmes. 

 

« Un seul être vous manque et tout est dépeuplé » disait Alphonse de Lamartine. « Un seul être vous manque et tout est à repeupler » répond, tout en nuance, Watako, qui a essayé de retourner à sa vie d’avant, l’air de rien, avant d’éprouver la déflagration de la perte. Mais avant que l’être en question vienne à manquer, il s’éprouve, vous exalte. C’est simple : avec Kimura, son amant, Watako renoue avec ses rêves et qui elle est. Ses escapades avec lui sont l’occasion de quitter cette case quotidienne, étriquée, dans laquelle elle se trouve – celle de la vie conjugale sans effusion ni fantaisie, la convenance à l’état pur. Avec Kimura, c’est le contraire : l’envie viscérale de partager des choses, d’explorer le monde, se ressent à chaque instant. Ce n’est pas un hasard si nous les découvrons ensemble pour la première fois en train de faire du « glamping » (hébergement touristique alternatif proche du camping, qui a nourri la trame du dernier film de Ryūsuke Hamaguchi, Le Mal n’existe pas) ! Quoi de mieux que cette bulle architecturale insolite et transparente, qui leur permet de dormir à la belle étoile tout en restant à l’abri, pour décrire leur état de contentement ? Le choix d’un huis-clos tourné vers l’extérieur, qui laisse toute la place aux perspectives, vient intelligemment contrebalancer l’usage qui est fait de l’espace quand Watako rentre dans son appartement, auprès de son mari. Leurs interactions ont souvent lieu la nuit (avec comme seule lumière, celle d’une petite lampe artificielle, surplombante et froide), dans un cadre resserré. Le matin, ils ne se croisent pas, la lumière du jour est occultée par les volets. Toute perspective a disparu, sur un plan autant physique que mental. C’est le moment pour Watako de replonger dans son monde intérieur.

Et elle restera immergée, longtemps, un coup du sort lui ayant ravi Kimura. De cela, elle ne parlera à personne – ni à ses proches, ni à son mari. Et personne ne semblera percevoir la nuance pourtant de taille qui s’est glissée en elle, cette attitude évasive, ce regard latent… On dit que la nostalgie est une émotion partageable, communicable aux autres, en cela positive, tandis que la mélancolie est solitaire, empêchant toute résilience. Imaginez combien la mélancolie se vit d’autant plus solitairement au Japon, où l’expression des émotions « perturbantes » est proscrite ! C’est finalement un inconnu, lui-même coupable et victime de son silence, qui percevra ce que traverse Watako, l’amenant à affronter ses vérités intérieures pour ne plus agir au détriment des autres ni d’elle-même. Dans un étrange jeu clair-obscur, il se projettera en elle, la contraindra à agir. « Tout bonheur en ce monde vient de l’ouverture aux autres ; toute souffrance vient de l’enfermement en soi-même ». Sorte de déclencheur, il ne laissera plus d’autre alternative à Watako : assumer ses états d’âme et les transgressions qu’ils impliquent, avec tout un monde à refaire, « à repeupler » – on vous avait prévenu. 

Le jeune réalisateur Takuya Kato (30 ans à peine et déjà primé au festival des Trois Continents !) filme avec beaucoup de délicatesse le délitement intérieur de son héroïne, tout comme son échappatoire vers une nouvelle connaissance de soi, salvatrice. On retrouve avec joie tout un panel de merveilleux acteurs, découverts dans des films tout autant merveilleux : Mugi Kadowaki (Aristocrats), Haru Kuroki (La Famille Asada, Dans un jardin qu’on dirait éternel), Kanji Furutachi (l’acteur fétiche de Kōji Fukada) et Shōta Sometani (l’acteur fétiche de Kiyoshi Kurosawa). C’est moderne, suprêmement élégant, jusque dans les décors minutieusement choisis et l’usage de la lumière qui, par instant, révèle un détail avant que l’ombre ne s’y reflète, nous plongeant au cœur de résonances inexprimables, à l’incertaine clarté.

O. J.  

Crédits photos : Art House films

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POMPO THE CINEPHILE | L’AVIS D’HANABI https://www.hanabi.community/pompo-the-cinephile/ Sun, 17 Mar 2024 15:13:00 +0000 https://www.hanabi.community/?p=23925 Bienvenue à Nyallywood, la Mecque du cinéma où Pompo est la reine des films commerciaux à succès. Le jour où elle décide de produire un film d'auteur plus personnel, elle en confie la réalisation à son assistant Gene. Lui qui en rêvait secrètement sera-t-il à la hauteur ?

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Un film de Takayuki Hirao

Animation | Japon | 1h34 | Au cinéma le 3 juillet 2024

Note : 4,6/5

Bienvenue à Nyallywood, la Mecque du cinéma où Pompo est la reine des films commerciaux à succès. Le jour où elle décide de produire un film d’auteur plus personnel, elle en confie la réalisation à son assistant Gene. Lui qui en rêvait secrètement sera-t-il à la hauteur ?  

Si l’on devait citer un anime capable de rafler pléthore d’Oscars (ou de Nyascars), c’est bien celui-là ! Pour changer, il n’est pas signé Steven Spielberg, James Cameron ou Peter Jackson mais Joelle Davidovich Pomponette, plus connue sous le nom de Pompo, l’enfant prodige de Nyallywood (au sens littéral du terme, celle-ci ayant l’air d’avoir 12 ans avec son énergie espiègle, sa voix cristalline et sa tignasse virevoltante épinglée par deux modestes chouchous). Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Pompo est si prodigieuse qu’elle sait exactement comment faire pour que sa prochaine production fasse un carton… Il suffit d’allouer tous les moyens possibles et imaginables à sa conception : un réalisateur brillant qui s’ignore, un tournage ubuesque qui explose toujours plus le budget initial (un peu comme si on vous accordait un découvert illimité sans agios à payer), une actrice inédite et le retour d’un des plus grands acteurs de l’Histoire, l’inénarrable Martin Bradock (délicieusement inspiré de Marlon Brando) !

Cette épopée folle commence le jour où Pompo, qui n’a de cesse d’enchaîner les succès avec des films spectaculaires et divertissants (à base d’action, de rebondissements et d’héroïnes aussi divines que dures à cuire), décide de réaliser une œuvre plus personnelle et majeure, qui touchera son public droit au cœur. Après tout, si Michael Cimino a pu réaliser « l’une des sept merveilles du monde cinématographique » – dixit Les Portes du Paradis… Elle aussi ! C’est là que rentre en scène Gene, son assistant, à qui elle confie la modeste tâche de réaliser le film (son premier) dont elle a écrit le scénario. Topo ? L’histoire d’un génie créatif vieillissant et tourmenté qui, en faisant le point sur sa vie, finira par comprendre le sens de son art, des sacrifices consentis pour la création, les autres, le monde, soi… Par extension, Gene va profondément découvrir celui de cette passion qui le rend si insatiable, si véhément : plus que la réalisation d’un film, c’est lui qui va se réaliser ! Cela aussi, bien sûr, grâce au soutien d’une multitude de personnages avec qui nous vibrons à l’unisson, qui se nourrissent de l’énergie de Pompo et Gene pour donner du sens à ce qu’ils font dans la vie (y compris un banquier!). Car que serait un film sans une équipe de choc ?

Avec Pompo The Cinephile, Takayuki Hirao signe une œuvre aussi personnelle que géniale, transgressant la problématique de la quête intérieure avec beaucoup de talent, de prouesses visuelles et d’émotion. Lui qui a longtemps été l’assistant de production du légendaire Satoshi Kon, notamment sur Millennium Actress (2001), semble avoir énormément puisé dans son histoire personnelle… et comme son personnage, Gene, suivant les traces de l’inénarrable Pompo pour s’en affranchir, le voilà s’affranchissant de son propre mentor en laissant sa créativité exulter ! Véritable condensé de génie nippon, amalgame formidable de techniques d’animation, de trouvailles narratives et de drôleries qui se développent à une vitesse folle, Pompo The Cinephile devrait vous donner un bon coup de pêche, s’il ne vous donne tout simplement pas le goût de transformer votre vie en chef d’œuvre. Cerise sur le gâteau : le film dure exactement 90 minutes (hors générique), la durée idéale selon Pompo !

O. J.

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PAYS DE NEIGE https://www.hanabi.community/pays-de-neige/ Thu, 22 Feb 2024 11:31:46 +0000 https://www.hanabi.community/?p=27627 Écrit entre 1935 et 1947 par le prix Nobel Yasunari Kawabata, "Pays de neige" se transforme en manga grâce à Sakuko Utsugi.

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Un manga de Sakuko Utsugi

Un train traverse le yukiguni, le « pays de neige ». À son bord, le riche dilettante  Shimamura, une femme mystérieuse et un homme mourant. À l’onsen où il se rend, Shimamura retrouve Komako, joueuse de shamisen devenue geisha. Leur intrigue amoureuse s’entrelace fatalement avec le destin des autres personnages, dans le chaud-froid d’un triangle impossible. Écrit entre 1935 et 1947 par le prix Nobel Yasunari Kawabata, Pays de neige se transforme en manga grâce à Sakuko Utsugi.

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Grands classiques revisités

Les Éditions Picquier ont le chic pour sélectionner les mangas tirés des pépites de la littérature japonaise. C’était déjà le cas avec Une femme et la guerre de Yôko Kondô, d’après la nouvelle de 1946 d’Ango Sakaguchi. C’est encore le cas avec Pays de neige, premier roman de celui qui devint, en 1968, prix Nobel de la littérature. Bien qu’il s’agisse d’un premier vol dans le vaste ciel de l’écriture, Pays de neige fera partie des livres retenus pour consacrer Kawabata dans le panthéon des auteurs. Dès sa sortie, il marque aussi un tournant dans la littérature de l’archipel.

Presque 80 ans plus tard, le dessinateur Sakuko Utsugi s’approprie le texte de Kawabata et le transforme en manga. En dévoilant – littéralement, mais avec grâce – ce que Kawabata laisse à l’imagination, Utsugi est un traducteur ce qu’il faut infidèle pour être juste.

Chaleurs au pays de neige

Au centre de l’intrigue, il y a le riche héritier Shimamura, critique de ballet occidental à ses heures perdues. Au début de l’histoire, on le découvre à bord d’un train qui traverse la blancheur du « pays de neige ». Il se rend dans un onsen perdu dans la montagne dans le but de retrouver Komako, une jeune fille qu’il a connu lors d’un précédent séjour. Dans le reflet de la vitre, Shimamura découvre le regard à la fois glaçant et enflammé de Yôko. Elle accompagne avec dévouement un jeune homme visiblement malade.

En arrivant à destination, Shimamura découvre que sa flamme est devenue geisha. Ce choix est lié à Yukio, l’homme malade que Shimamura a entrevu dans le train. Malgré les règles strictes qui régissent la vie des geisha, Komako tombe amoureuse de Shimamura. Bien qu’épris de la beauté qui se dégage de Komako, le riche dilettante ne restitue pas cet amour avec le même abandon.

Les deux femmes, qui vivent sous le même toit, sont secouées par des sentiments contrastants l’une envers l’autre et vis-à-vis de Yukio, dont elles ont, chacune à son tour, occupé le cœur. Le résultat est un maillage bien imparfait, déchiré et déchirant.

La beauté, ce tyran

Utsugi s’accorde quelques liberté dans la mise en vue des passions des personnages, certes. Il reste néanmoins adossé aux colonnes de la littérature de Kawabata. D’une part, il y a l’harmonieux frottement entre la modernité et la nature. Le progrès technologique pénètre dans la tradition sans la brusquer. En cela, il rappelle les estampes de Kawase Hasui, où l’on peut apercevoir, au détour d’un temple ou d’un pont, une automobile ou un poteau électrique. Chez Kawabata et Utsugi, la lumière électrique, qui se reflète dans les fenêtres du train, ne fait que rehausser la flamme froide des yeux de Yôko. Le train lui-même, témoin d’un cheminement technologique qui ne saurait faire marche arrière, est un élément capital du récit.

D’autre part, il y a la beauté et son pouvoir dévastateur. La contemplation est un acte à part entière, un sport de combat. Toujours liée à la futilité, la beauté foudroie les personnages et les pousse loin de la réalité. La chute du manga en est un parfait exemple :

Tout au fond de la nuit, je restai seul. Je levai les yeux. Dans un bruit de soie, la voie lactée s’effondra.

Pays de neige, pp. 218-219.

À la fois pop et classique, le Pays de neige de Sakuko Utsugi est une excellente mise en bouche d’un grand classique, à la fois claire comme un roman et foudroyante comme un haïku.

EDG

Parution : 2017 / 224 pages / Éditions Picquier / Traduit du japonais par Patrick Honnoré

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COMME UN LUNDI | L’AVIS D’HANABI https://www.hanabi.community/comme-un-lundi-critique/ Tue, 30 Jan 2024 16:59:00 +0000 https://www.hanabi.community/?p=23750 Votre boss vous harcèle ? Vos collègues vous épuisent ? Vous ne voulez plus retourner au bureau ? Vous n’imaginez pas ce que traversent Yoshikawa et ses collègues ! Car, en plus des galères, ils sont piégés dans une boucle temporelle… qui recommence chaque lundi ! Entre deux rendez-vous client, réussiront-ils à trouver la sortie ?

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comme un lundiUn film de Ryo Takebayashi

Comédie | Japon | 1h23 | Sortie le 8 mai 2024

Une comédie jubilatoire, qui n’a rien à envier à The Office… Et des nouveaux collègues qu’on aimerait ne plus quitter : hilarant ! 

Votre boss vous harcèle ? Vos collègues vous épuisent ? Vous ne voulez plus retourner au bureau ? Vous n’imaginez pas ce que traversent Yoshikawa et ses collègues ! Car, en plus des galères, ils sont piégés dans une boucle temporelle… qui recommence chaque lundi ! Entre deux rendez-vous client, réussiront-ils à trouver la sortie ?

Note : 4,9/5157 Avis

Métro, boulot, dodo… Quel travailleur n’a pas déjà eu le sentiment d’être pris dans une spirale infernale, où la monotonie et la répétition du quotidien rendent soudainement la vie sans issue ? Comme il serait agréable de pouvoir arrêter le temps pour tout envoyer valser et se défaire de ses chaînes, renouer avec son être profond et ses rêves enfouis ! Sauf que c’est justement tout le contraire qui va se passer pour notre équipe de choc : la même semaine de travail va se répéter indéfiniment, rendant leurs tâches toujours plus répétitives !! Il faudra beaucoup de solidarité, d’humour et de créativité pour réussir à se sortir de cette boucle démentielle…

Lundi 25 octobre, 9 heures du matin. Yoshikawa, affalée sur son bureau, se réveille d’une nuit qu’on devine peu reposante. La jeune femme est du genre tellement carriériste qu’elle est prête à tout pour réussir, y compris passer la nuit dans la petite agence de publicité où elle travaille et qu’elle compte bien quitter pour l’une des meilleures boîtes du pays. Il faut dire qu’au Japon, il n’est pas mal vu de dormir au travail : au contraire, c’est perçu comme le signe qu’un salarié donne tellement de sa personne qu’il lui faut récupérer. Ces « salarymen » destinés à servir l’entreprise qui les paie en échange d’un sacrifice inestimable se comptent par millions au pays du Soleil-Levant, où la réussite professionnelle à tout prix, le dévouement sans limite sont des valeurs maîtresses.

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Ce matin-là, Yoshikawa a tout de même une drôle de sensation, un air de déjà-vu… Son cerveau est-il à ce point lessivé qu’il ne fait plus la différence entre hier et aujourd’hui ? Deux collègues ne tardent pas à lui ouvrir les yeux sur la réalité : la semaine du lundi 25 octobre n’a de cesse de se répéter (pour l’éternité ?)… et il semble urgent de le faire comprendre à toute l’équipe, y compris leur chef, pour unir leur force face à ce problème insoluble !

Comme un lundi, au même titre que son indémodable alter ego américain Un jour sans fin, est une comédie jouissive, palpitante et touchante, qui ne rentre dans aucune case sur une bande de collègues prêts à « travailler pour travailler », faisant du travail non plus un moyen pour s’épanouir dans l’existence mais une finalité en soi. Heureusement, en réalisant par l’absurde leur aliénation profonde, ils comprennent qu’il n’est jamais trop tard pour s’en sortir. Quand on prend le temps de réfléchir à ce qui est important, les choses peuvent reprendre un cours naturel, avec légèreté. « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde » s’exclamait Gandhi. Cette drôle de bande-ci a définitivement beaucoup à nous apprendre !

O. J.

Crédits photos : Art House films

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SIDONIE AU JAPON | L’AVIS D’HANABI https://www.hanabi.community/sidonie-au-japon-avis-hanabi/ Mon, 29 Jan 2024 19:09:00 +0000 https://www.hanabi.community/?p=27595 Sidonie se rend au Japon à l’occasion de la ressortie de son best-seller. Malgré le dévouement de son éditeur japonais avec qui elle découvre les traditions du pays, elle perd peu à peu ses repères… Surtout lorsqu’elle se retrouve nez à nez avec son mari, disparu depuis plusieurs années !

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Un film d’Elise Girard

Comédie dramatique | France | 1h35 | Sortie le 3 avril 2024

Note : 4,8/557 Avis

Un voyage réjouissant, aussi drôle que dépaysant, en compagnie d’Isabelle Huppert et Tsuyoshi Ihara.

Sidonie se rend au Japon à l’occasion de la ressortie de son best-seller. Malgré le dévouement de son éditeur japonais avec qui elle découvre les traditions du pays, elle perd peu à peu ses repères… Surtout lorsqu’elle se retrouve nez à nez avec son mari, disparu depuis plusieurs années !

Les séances

BANDE-ANNONCE TRAILER

Mais comment fait-elle, Isabelle Huppert, pour être sans cesse remarquable dans chaque rôle où elle se glisse ? Comme si elle était l’intuition à l’état pur, avait une compréhension naturelle des situations, des personnages et des relations qui se tissent entre eux, conjuguée à une sensibilité à fleur de peau qu’elle maîtrise à merveille et lui fait toujours produire le geste juste, avec ce ton qui n’appartient qu’à elle, cette classe inextinguible… Tout en incarnant profondément un personnage qu’on a l’impression de ne jamais avoir vu.

Quelque chose dans l’attitude de Sidonie, écrivaine de renom, laisse transparaître une amertume. Comme bloquée dans un côté de l’histoire dont elle n’a pas su écrire la suite, elle a du mal à se projeter. « Les gens comme nous partagent un pays secret », lui dira plus tard son éditeur, « sauf que ce pays où nous vivons n’existe pas ». Il faudra un voyage pour réussir à retrouver prise avec le réel et se réinventer. Quel pays plus propice que le Japon ? Depuis Lost in Translation (2003) de Sofia Coppola, c’est devenu le territoire par excellence des errances occidentales, où se sont successivement perdus Chris Marker, Michel Gondry, Leos Carax et récemment Wim Wenders (Perfect Days). Le dépaysement y est tel qu’on s’y abandonne totalement. Sidonie n’y échappera pas. Elle qui, au départ, ne pouvait lâcher prise, à l’image de son sac à main, finira par l’oublier négligemment sur son chemin…

Pour en arriver là, il faudra à Sidonie paysages, rencontres et émotions, ainsi que l’appui de son éditeur japonais l’accompagnant tout au long de sa tournée littéraire, au cours de laquelle on découvre combien elle a joué un rôle d’importance pour ses lecteurs, pour lui aussi. Tokyo, Nara, Kyoto, l’île d’art moderne Naoshima, la nuit, le jour… Les panoramas se succèdent derrière les vitres, de voiture comme de train, avec un sens du montage cadencé et de sublimes prises de vue. Envoûtée par la puissance contemplative et réflexive des villes et de la nature, des huis-clos à la patine subtile jusqu’aux cerisiers en fleurs, Sidonie laisse les circonstances décider de sa vie. Tant pis si un fantôme s’y glisse. Celui-ci est bienveillant. Il vient sans doute la libérer. Tout comme le rire qu’elle ne peut que laisser éclater face aux différences culturelles qui créent des situations toujours plus amusantes. À ce rythme, autant s’acheter des baskets lumineuses, comme celles que portent les enfants ! Quel plus beau symbole pour marquer un retour à l’insouciance ?

Alors fièrement enveloppée dans le style aérien de la caméra, dans l’atmosphère particulière du récit aux nappes brumeuses, Sidonie avance. Elle réapprend à se connaître, autant que son éditeur a appris à reconnaître son style. Ensemble ils rigolent, échangent, se tiennent compagnie. Sauvée par la beauté de ces petits riens qui font le grand tout, Sidonie retrouvera l’état de grâce et l’inspiration. Et tant pis si ce Japon rêvé n’existe pas. « Faites que le rêve dévore votre vie afin que la vie ne dévore pas votre rêve » disait Saint-Exupéry. Sidonie a rêvé le Japon dont elle avait besoin pour se réveiller et revenir sereinement chez elle, sans se retourner.

O.J.

Crédits photos : Art House films

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Film non disponible en streaming

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LES MEILLEURS FILMS JAPONAIS AU CINÉMA https://www.hanabi.community/les-meilleurs-films-japonais-a-laffiche/ Mon, 29 Jan 2024 16:10:16 +0000 https://www.hanabi.community/?p=26670 Notre sélection actualisée chaque semaine des meilleurs films japonais à ne pas manquer au cinéma et des prochains films à venir.

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1. A Man de Kei Ishikawa (4,8/5)

Le 31 janvier 2024

Rie découvre que son mari disparu n’est pas celui qu’il prétendait être. Elle engage un avocat pour connaître la véritable identité de celui qu’elle aimait. 

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2. Perfect Days de Wim Wenders (4,7/5)

Hirayama travaille à l’entretien des toilettes publiques de Tokyo. Il s’épanouit dans une vie simple, et un quotidien très structuré. Il entretient une passion pour la musique, les livres, et les arbres qu’il aime photographier. Son passé va ressurgir au gré de rencontres inattendues. Une réflexion émouvante et poétique sur la recherche de la beauté dans le quotidien.

godzilla

3. Godzilla Minus One de Takashi Yamazaki (4,4/5)

Le Japon se remet à grand peine de la Seconde Guerre mondiale qu’un péril gigantesque émerge au large de Tokyo. Koichi, un kamikaze déserteur traumatisé par sa première confrontation avec Godzilla, voit là l’occasion de racheter sa conduite pendant la guerre.

4. L’Innocence de Hirokazu Kore-Eda (4,2/5)

Le comportement du jeune Minato est de plus en plus préoccupant. Sa mère, qui l’élève seule depuis la mort de son époux, décide de confronter l’équipe éducative de l’école de son fils. Tout semble désigner le professeur de Minato comme responsable des problèmes rencontrés par le jeune garçon. Mais au fur et à mesure que l’histoire se déroule à travers les yeux de la mère, du professeur et de l’enfant, la vérité se révèle bien plus complexe et nuancée que ce que chacun avait anticipé au départ…

nicky larson

5. Nicky Larson – City Hunter : Angel Dust de Kazuyoshi Takeuchi, Kenji Kodama (3,6/5)

Nicky Larson est City Hunter, un détective privé opérant à Tokyo avec son énergique partenaire Laura. Un jour, une inconnue prénommée Angie fait appel à eux pour une demande étrangement simple : retrouver son chat ! Ils acceptent la mission, Laura pour la généreuse récompense et Nicky pour les charmes d’Angie. En parallèle, Hélène, lieutenante de la police de Tokyo, enquête sur l’Angel Dust, une technologie mystérieuse qui transforme les soldats en surhommes mais attention, le trio des Cat’s Eye est aussi sur le coup ! Quel est le lien entre ces deux affaires ? Nicky Larson va se retrouver au cœur d’une bataille épique, qui l’amènera sur les traces de son propre passé.

Et prochainement…

Comme un lundi de Ryo Takebayashi

Le 1er mai 2024

Votre boss vous harcèle ? Vos collègues vous épuisent ? Vous ne voulez plus retourner au bureau ? Vous n’imaginez pas ce que traversent Yoshikawa et ses collègues ! Car, en plus des galères, ils sont piégés dans une boucle temporelle… qui recommence chaque lundi ! Entre deux rendez-vous client, réussiront-ils à trouver la sortie ?

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A MAN | CRITIQUE DU FILM https://www.hanabi.community/a-man-critique-du-film/ Sun, 28 Jan 2024 10:49:00 +0000 https://www.hanabi.community/?p=22130 Rie découvre que son mari disparu n'est pas celui qu'il prétendait être. Elle engage un avocat pour connaître la véritable identité de celui qu'elle aimait. 

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Un film de Kei Ishikawa

Thriller | Japon | 2h01 | Sortie le 31 janvier 2024

Note : 4,8/5

Rie découvre que son mari disparu n’est pas celui qu’il prétendait être. Elle engage un avocat pour connaître la véritable identité de celui qu’elle aimait.

Un thriller psychologique virtuose, 8 fois récompensé aux Oscars Japonais après Drive my car l’année précédente. Avec l’actrice japonaise la plus en vue du moment (L’innocence, Godzilla) et l’acteur de La famille Asada.

BANDE-ANNONCE TRAILER

Rie (Sakura Andô) a beau être discrète, elle n’a pas de secrets apparents. Dès les premières images de A Man, on la voit pourtant ravaler ses larmes, quand un client entre dans la papeterie familiale. Ce client, c’est Daisuke (Masataka Kubota), avec qui elle partage rapidement son passé. Il a l’air d’en avoir, lui, des secrets : les habitants de Miyazaki ne parlent que de lui et de ses silences depuis son arrivée en ville.

A man ou « Vous allez rencontrer un bel inconnu »

Au fil des visites à la papeterie, Daisuke et Rie font connaissance. Comme une première déclaration d’affection, il lui dévoile ses dessins, à l’origine de ses allées et venues au magasin. Leurs contours flous laissent déjà augurer d’une difficulté à s’affirmer, à poser des bases claires. Ils deviennent tout de même amis, et amoureux. Ils se marient, ils sont heureux. Puis, comme un éclair dans un ciel bleu, Daisuke meurt, écrasé par un arbre.  

Lors des obsèques, son frère, avec qui il était en froid, ne reconnaît pas l’homme dont la photographie trône sur l’autel. Ce n’est pas Daisuke, il en est sûr. Mais alors qui est cet homme auprès de qui Rie a été heureuse ? C’est Kido, son avocat d’origine coréenne, qui va tenter de démêler le mystère qu’on dirait être celui du sourire de la Joconde, dans une deuxième partie où tensions et suspense prennent le pas sur le drame. Le scénario n’est pas celui de la double vie : Rie et Kido font face à un doute bien plus vertigineux. Qui était cet époux, celui qu’on ne peut plus appeler Daisuke ? Et s’il n’est pas Daisuke, comment faire son deuil ? La vie que Daisuke a passée aux côtés de Rie et son fils est-elle devenue un leurre ?

Faces cachées

Le point de départ mystérieux du film sert de prétexte à Kei Ishikawa pour peindre un monde où chacun joue un rôle, avec ses faux-semblants et ses chausse-trappes. Découvrir la véritable identité de « Monsieur X » est une quête qui en dit parfois plus des vivants que des morts. Parce que des identités, chacun d’entre nous en a plusieurs, sans qu’elles soient forcément des masques. Dans le couple, au travail, avec la famille, en société, on est toujours le Monsieur X de quelqu’un. Avec A Man, Kei Ishikawa a le don d’entremêler l’intime et le social, le dedans et le dehors, l’omote et l’ura. Il y a les tensions croissantes de la société japonaise, de plus en plus hostile à la « menace migratoire ». Il y a le système carcéral mis à nu, et un monde du dehors, finalement imperméable à l’humanité profonde. Il y a les grandes villes et leurs visages changeants, un urbanisme qui semble désormais parler une langue étrangère…

Reproduction interdite

Présenté en compétition à la Biennale de Venise 2022 et auréolé de 8 Oscars japonais, A Man est à l’image de « La reproduction interdite », l’envoûtant tableau de René Magritte qui ouvre le film et représente un homme de dos, face à un miroir ne reflétant pas son visage. Jeux d’ombre et de lumière, intensité des gros plans, contrastes et folles perspectives… L’identité s’y réfracte, se dérobe, se dévoile.

Avec un sens aigu de l’observation et une capacité à mettre en place des situations et des personnages complexes, voire contradictoires, sur lesquels il se garde bien de porter un jugement, Kei Ishikawa parvient ainsi à donner une portée métaphysique à l’investigation de son héros Kido, interprété par l’impénétrable Satoshi Tsumabuki découvert dans The Housewife et La Famille Asada. Et c’est peut-être la parole d’un suspect qui renverra le mieux Kido à son propre désarroi, et ébranlera définitivement ses certitudes : « Vous ne comprenez vraiment rien à rien, Maître ». Au fond, que sait-on de nous-mêmes et des autres ?

EDG.

Crédits photos : Art House films

Lire la critique de Télérama

Film non disponible en streaming

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TOKYO REVISITÉE https://www.hanabi.community/tokyo-revisitee/ Wed, 24 Jan 2024 22:59:13 +0000 https://www.hanabi.community/?p=27484 Tokyo, le 6 juillet 1949. Le président des chemins de fers japonais, Sadanori Shimoyama, est retrouvé mort sur les rails qui mènent à Adachi. Meurtre ? Suicide ? Ce fait réel qui a secoué le Japon d'après-guerre est au cœur de "Tokyo revisitée", le dernier opus de la trilogie japonaise signée par le britannique David Peace.

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Un livre de David Peace

Tokyo, le 6 juillet 1949. Le président des chemins de fers japonais, Sadanori Shimoyama, est retrouvé mort sur les rails qui mènent à Adachi. Meurtre ? Suicide ? Ce fait réel qui a secoué le Japon d’après-guerre est au cœur de Tokyo revisitée, le dernier opus de la trilogie japonaise signée par le britannique David Peace. Savant mélange de réalité et de fiction, de polar et d’expérimentations littéraires, Tokyo revisitée vous plongera dans les tréfonds de la capitale – et de l’histoire – nippones.

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L’« accident de Shimoyama », un fait réel qui a secoué le Japon

Nous sommes en 1949. Le Japon est vaincu et occupé par les Américains, défait dans toutes les nuances du terme. Alors qu’il essaie de se reconstruire le long des tuteurs qui lui sont imposés par l’occupant, le tout nouveau président des chemins de fers est retrouvé en morceaux le long des rails. Il était sur le point de licencier 100 000 travailleurs soupçonnés d’affiliation au parti communiste et pour cela même faisait l’objet de menace de mort. Aussi, la perspective de ce licenciement massif l’a peut-être acculé face au vertige de sa fonction. Alors, meurtre ou suicide ?

Le Shimoyama jiken ou « accident de Shimoyama » est bien plus qu’un fait divers. C’est une blessure non élucidée – donc impossible à panser – d’une société encore meurtrie par l’issue de la Grande Guerre. Une blessure qui continue de picoter et de se rappeler douloureusement même de nos jours. Toujours mus par des faits réels, David Peace en a fait le premier engrenage de Tokyo revisitée, le troisième et dernier tome de sa trilogie nippone après Tokyo année zéro (2007) et Tokyo ville occupée (2009).

La fiction, loupe de la réalité

L’accident de Shimoyama a fait et continue de faire couler beaucoup d’encre. Le rôle des Américains et du gouvernement japonais dans cette affaire hors norme ne peut être exclus. Pour tenter d’apporter une lumière nouvelle sur l’affaire, Peace construit une fiction à la vraisemblance troublante.

Premier pion dans ce monumental jeu d’échecs (« échecs » à prendre dans tous les sens du terme) : Harry Sweeney. Détective du Montana échoué (dans tous les sens du terme, toujours) à Tokyo, il se retrouve, bien malgré lui et sans succès, à tenter d’élucider une affaire plus grande que lui, aussi grande et complexe que l’époque qu’elle marque. Deuxième partie, 15 ans plus tard. Nous sommes en 1964, Tokyo accueille les Jeux Olympiques. Un auteur écrivant sur l’affaire disparaît mystérieusement et un détective privé, Murota Hideki, est mis sur ses traces. Troisième partie, 15 ans plus tard toujours. En 1989, alors que l’empereur Hirohito est sur son lit de mort, un vieux traducteur, Donald Reichenbach, ancien agent de la CIA, se retrouve face à son passé, au souvenir de Harry Sweeney et de cette sacrée année 1949…

Tokyo revisitée revisite le polar

Le roman de David Peace obéit et déroge à toutes les règles du polar. Trilogie dans la trilogie, Tokyo revisitée change de ton selon le segment – 1980, 1964 et 1989 – et le protagoniste. Ouvertement inspiré par la recherche stylistique de James Ellroy, David Peace ose vêtir son polar d’un habit de langage inattendu. Les répétitions martelantes et pourtant si rythmées, l’absence de signes indiquant les dialogues, un temps présent omniprésent et suspendu : tous les choix de Peace brouillent les pistes et les fausses certitudes. Réalité ou fiction ? Fiction ou hallucination ? Rêve ou invention ?

Le terrible « accident de Shimoyama », une affaire dont l’importance au Japon est, selon Peace, aussi capitale que l’assassinat de JFK, gagne à la fois en lumière(s) et en épaisseur(s) avec Tokyo revisitée. On n’est pas sortis des brumes d’un mystère d’état mais peut-être, si le brouillard est aussi épais, c’est que nous sommes en son cœur.

EDG

Parution : 2022 / 300 pages / Coll. Rivages Noir / Traduit de l’anglais par Jean-Paul Gratias

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