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Hokusai, Hiroshige, Utamaro : Les grands maîtres du Japon

Du 08/11 au 22/03

Tous les jours de 10h à 18h (dernière entrée à 17h30)

Hôtel de Caumont, 3 rue Joseph Cabassol, 13100 Aix-en-Provence. Tél : 04 42 20 70 01.

Tarifs : Adulte  14,50€ / Senior (65 ans et plus) 13,50€ / Réduit   11,50€ / 7 à 25 ans   10€ / Gratuit pour les – 7 ans

https://www.caumont-centredart.com/fr/hokusai-hiroshige-utamaro-grands-maitres-japon

Vous aviez loupé l’extraordinaire expérience visuelle et artistique Japon rêvé, images du monde flottant à l’Atelier des Lumières ou encore la sublime exposition Sur la route du Tokaido au Musée Guimet ? Ne désespérez pas ! Quoi de mieux qu’un petit week-end dans le Sud pour profiter de la douceur du climat provençal et de l’exposition Hokusai, Hiroshige, Utamaro : Les grands maîtres du Japon à l’Hôtel de Caumont d’Aix-en-Provence ? Près de 150 chefs-d’œuvre de l’estampe ukiyo-e issus de l’impressionnante collection privée de Georges Leskowicz vous attendent pour vous plonger au cœur de l’époque d’Edo.

Les Parisiens avaient eu un avant-goût de la richesse monumentale de la collection privée de Georges Leskowicz lors de l’exposition Sur la route du Tokaido au Musée Guimet à la rentrée 2019. Ce promoteur immobilier franco-polonais amoureux de culture japonaise a rassemblé plus de 2000 œuvres au fil de années, soit très certainement la plus vaste collection particulière d’art nippon, qu’il partage désormais via sa fondation avec le public du monde entier. Inlassable, il prête jusqu’au 22 mars à l’Hôtel de Caumont d’Aix-en-Provence, l’un des plus majestueux hôtels particuliers de la ville, près de 150 estampes de sa collection personnelle.

Au cœur de cette exposition à l’organisation muséographique élégante,  un temps – l’époque d’Edo – et un courant – le ukiyo-e. Après des siècles de guerres civiles et d’instabilité, le shogunat Tokugawa apporte et assure une période de paix, de développement urbain et de croissance économique. Une nouvelle bourgeoisie marchande voit le jour. Alors que la paix semble s’enraciner et que la population peut reprendre son souffle, un ancien concept bouddhique refait surface, ironique et seulement en apparence en contradiction avec son temps  : l’impermanence. En effet, ukiyo-e, c’est à dire « image du monde flottant », renvoie à la nature éphémère des manifestations humaines – qu’il s’agisse d’une belle femme, d’un paysage ou d’une scène de kabuki.  Que l’on soit riche ou pauvre, en paix ou en guerre, tout est impermanent et, pour cela très précisément, tout se doit d’être contemplé.

Katsushiga Hokusai, « Ejiri dans la province de Suruga », de la série Trente-six vues du Mont Fuji, circa 1831. COLLECTION GEORGES LESKOWICZ / FUNDACJA JERZEGO LESKOWICZA / CHRISTIAN MOUTARDE

Le choix d’œuvres mises en relief par la commissaire Anna Katarzyna Maleszko, conservatrice de la collection d’art japonais au Musée National à Varsovie, permet de plonger dans les nuances thématiques de l’ukiyo-e. On y découvrira donc les visages malicieux des bijin, les « belles femmes », les courtisanes, dont les portraits avaient la double tâche de représenter la finesse des traits féminins ainsi que les détails minutieux des kimonos. On pourra frémir à la vue des shunga, les estampes érotiques, censurées à l’époque pour leur contenu scandaleux. On restera bouche bée face aux études sur la nature des kachō-ga, dont la série d’Hokusai « Trente-six vues du Mont Fuji » est un impressionnant exemple à contempler, enfin, pour de vrai.

Ippitsusai Bunchō, Couple visitant l’exposition des chrysanthèmes accompagné d’un servant, 1769-1770. COLLECTION GEORGES LESKOWICZ / FUNDACJA JERZEGO LESKOWICZA / CHRISTIAN MOUTARDE

Si le ukiyo-e est resté gravé dans le regard occidental comme l’un des grands courants de l’art nippon, c’est que c’est l’Occident, et le grand mouvement du japonisme de la fin du XIXème, qui lui a apporté ses lettres de noblesse. En effet, la technique d’estampe en grosses quantités en avait fait un objet d’art de moindre valeur au Japon en raison de sa très grande reproductibilité. C’est pourtant grâce à cette dernière qu’avec l’ouverture du Japon à l’extérieur  à l’ère Meiji, les artistes français et européens – Van Gogh, Cézanne, Gauguin… – ont pu avoir accès à l’esthétique japonaise et en faire une source intarissable d’inspiration. C’est ainsi que, selon le vieil adage biblique qui dit que « nul n’est prophète en son pays », il aura fallu un engouement occidental pour que la critique nippone se réapproprie, fièrement cette fois, ce qui a tant nourri l’étranger.

Si ce n’est pas la première excuse qui vient à l’esprit pour partir en week-end à Aix-en-Provence, cette exposition unique en est une bonne. De la nature grandiose d’Hokusai aux menues silhouettes d’Hiroshige, des vastes panoramas d’Hiroshige aux courtisanes enchanteresses d’Utamaro, c’est l’âge d’or d’un âge d’or qui se dévoile au Château de Caumont.

(edg)