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Du 14/07 au 18/08

Hôtel Salomon de Rothschild – 11 rue Berryer, 75008 Paris.

Entrée : 5 euros
Tous les jours de 11h à 20h (fermeture les 23 juillet et 6 août)

Une exposition d’art réussie n’équivaut pas à une succession d’œuvres plus ou moins en lien. Pour Yuko Hasegawa, commissaire de l’exposition, Fukami, une plongée dans l’esthétique japonaise, qui se tient à l’Hôtel Salomon de Rothschild à Paris, elle constitue plutôt une manière unique d’illustrer un discours, une pensée, nés de démarches artistiques diverses, en adéquation avec un lieu donné.

Comment faire comprendre au visiteur français ce qu’est l’essence de l’esthétique japonaise ? Yuko Hasegawa a élaboré pour cela un cheminement philosophique à travers des oeuvres de toutes les époques, issues d’artistes japonais ou en résonance selon elle, avec la culture nippone. Une approche exigeante qui nécessite bien le petit livret mis à notre disposition à l’entrée du parcours.

Plusieurs thématiques sont explorées. Le rapport particulier à la nature d’abord, en lien avec les croyances animistes, est évoqué avec notamment l’installation colorée réalisée au pochoir de Shinji Ohmaki mais aussi avec les estampes de Hokusai. Le minimalisme et le dépouillement qui accompagnent la philosophie Zen, se montrent telle une source de création intarissable. Ainsi, pour Relatum Dwelling, Lee Ufan, artiste majeur du mouvement “Mono-ha” (littéralement l’école des choses) au Japon, a cassé de l’ardoise puis en a rassemblé les morceaux dans un puzzle géant qui recouvre le sol d’une des salles de l’Hôtel ; de la destruction, jaillit quelque chose de neuf. Plus loin, avec ses Paysages marins, le photographe Hiroshi Sugimoto scrute la ligne d’horizon sur une mer étale et démontre qu’à partir d’un dispositif extrêmement dépouillé, des variantes infinies d’images sont possibles.


Kohei Nawa, Foam, medium mixte, 2018

Deux réalités apparemment contradictoires ne s’opposent définitivement pas dans la vision japonaise. Medias traditionnels et modernes se répondent pour parler des crises du monde : la vidéo de Daito Manabe qui rend visible les attaques cybernétiques en cours sur le net fait écho aux éclairs peints par Ryo Hiraoka. Hommes et robots cohabitent avec Justine Emard qui chorégraphie le pas de danse entre Mirai Moriyama et une intelligence artificielle. Les matières et les formes disparaissent et renaissent, à l’instar du sanctuaire d’Ise au Japon, dont on peut admirer ici une maquette, construit la première fois en 680 et reconstruit depuis à l’identique tous les 20 ans. De même, l’oeuvre réalisée par Kohei Nawa, dont la sculpture monumentale Throne vient d’être inaugurée sous la pyramide du Louvre, est en constante métamorphose, produisant et faisant s’évanouir des bulles de mousse innombrables. Selon son créateur, elle est destinée à nous faire nous interroger sur cette force de vie qui multiplie nos cellules d’être humain et qui est aussi à l’origine de notre monde. Yuko Hasegawa y voit le symbole d’une esthétique japonaise jamais figée, qui évolue sans cesse. L.G.